J.O. : une France nouvelle
Les Français ont rejeté l’obsession du déclin et le passéisme de l’extrême-droite, pour réhabiliter l’avenir. La classe politique doit en tenir le plus grand compte
La France s’est étonnée elle-même. Elle a offert au monde un spectacle inoubliable qui a su mélanger la mise en valeur d’un patrimoine exceptionnel, une organisation impeccable, une audace créatrice que l’on n’aurait pas osé imaginer, et une pluie de médailles qui démontre des ressources sportives inespérées. La Marseillaise peut retentir, le cocorico cette fois-ci est légitime. Oubliées les paroles définitives sur le déclin inéluctable ! Oubliés les grincheux offusqués, rétifs à toute nouveauté !
La planète applaudit, et pendant quinze jours, des foules en liesse, heureuses de leur unité et de leur patriotisme sportif ont mis hors-jeu les tracas politiques, intérieurs et extérieurs, et démontré par leur nombre et leur enthousiasme que la vie était formidable pour peu que l’on sache la saisir aussi par ses bons côtés et que l’on respecte ses valeurs fondamentales : la tolérance, le respect de l’autre, l’accueil généreux, et la joie de vivre ensemble de grands événements. Et bientôt les jeux paralympiques…
Quelle leçon politique ! Les commentateurs s’interrogent. Parenthèse enchantée ? Pour revenir bien vite à la tambouille politicienne et à nos guerres habituelles ?
On aurait bien tort de ne pas comprendre ce qui s’est passé. Dans un élan imprévisible, les supporteurs des fan zones et autres spectateurs peints en bleu, blanc, rouge ou de tout autre drapeau ont joyeusement signifié leur désir de partager leurs élans vitaux, et de ne pas sombrer dans l’exclusion, le rejet de l’autre et le repli sur soi. Une sorte de réponse populaire aux défis de l’extrême droite, qui a d’ailleurs réagi vigoureusement, d’Orban à Poutine, des intégristes aux intellectuels bornés qui sévissent ici et là. Message politique clair aux dirigeants de tous pays : voilà aussi ce que nous sommes et ce que nous voulons, à vous de créer les conditions d’une société plus fraternelle.
Ce message oblige. D’abord en France, puisque c’est là que l’évènement s’est produit. Au président, aux responsables politiques, gauche comprise, d’en tirer les conséquences. Trouvez des compromis, et rapidement s’il vous plait. Que l’intérêt général l’emporte sur l’esprit de chapelle, et sur les égoïsmes de chacun. Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps et tout ne va pas se résoudre parce que les JO ont fait surgir une incroyable explosion de vitalité, de jeunesse, et de soif d’avenir positif et apaisé. Mais les politiques auraient grand tort de négliger ce qui s’est passé. Sinon, le retour de bâton sera terrible.