James Martin, le missionnaire jésuite des LGBT

par Valérie Lecasble |  publié le 21/09/2023

Marseille découvre un Pape engagé dans la lutte pour les migrants et qui s’implique aussi en faveur de la communauté LGBT grâce à un prêtre américain, écrivain et éditorialiste

Le jésuite américain James Martin au Congrès des Familles à Dublin - Photo by Paul FAITH / AFP

Il y a cinq ans, le pape François envoie une lettre à James Martin : « Je vous encourage à continuer à travailler sur la culture de la rencontre qui raccourcit les distances et nous enrichit de nos différences comme l’a fait Jésus qui s’est fait proche de tous ». Voilà le jésuite américain adoubé.  Depuis, le prêtre n’a cessé de voir son influence grandir auprès du Saint-Père jusqu’à l’inviter personnellement à participer au prochain synode qui se tiendra du 4 au 29 octobre à Rome.

Une assemblée de 364 membres, en principe réservée aux évêques, et dont le Pape espère qu’elle permettra à l’Église de poursuivre l’évolution qu’il tente de lui impulser. Le pape François peut-il espérer que cet homme l’aide à bousculer une institution ancestrale ?

Si ce simple jésuite, 62 ans, est ainsi invité à participer à ces hautes instances qui ont autorité pour définir la mission de l’Église, c’est parce que François a entendu son plaidoyer en faveur de l’intégration des homosexuels, rejetés depuis toujours par la communauté chrétienne traditionnelle, la même qui s’est illustrée en France par ses manifestations contre le mariage pour tous. Sur le sujet, François a une parole claire et réformiste : « Dieu est père et ne renie aucun de ses enfants ; l’Église est une mère et rassemble tous ses enfants ».

Rien ne prédestinait James Martin, né et élevé en Pennsylvanie aux États-Unis, à devenir jésuite. Après des études classiques et six années passées dans la finance chez le géant américain General Electric, il décide, à l’âge de 28 ans, d’intégrer la Compagnie de Jésus. Adepte d’une spiritualité accessible à tous, il s’inspire de l’œuvre du moine trappiste Thomas Merton et de son livre autobiographique « La Nuit privée d’étoiles », où il raconte son itinéraire, déconcertant, qui l’a conduit d’une jeunesse agitée au baptême, puis à la vie religieuse dans un monastère.

En Afrique de l’Est, James Martin s’intéresse aux réfugiés et envoie un article au magazine hebdomadaire catholique « America », qui le publie. De fil en aiguille, le voici intégré à la rédaction d’America avant de devenir écrivain.

Le 12 juin 2016, un terroriste massacre 49 personnes dans une boîte de nuit gay en Floride. Aucun évêque ne réagit. Lui décide de briser l’omerta pour clamer que rien dans les Écritures ne justifie le rejet dont sont victimes les lesbiennes, gays et bisexuels qu’il considère être « de grands exclus ». Il en tire un livre, « Bâtir un pont », qui veut tendre la main aux LGBT.

Mieux, il reçoit l’assentiment du pape. Le réalisateur Martin Scorcese lui emboîte le pas en produisant un documentaire présenté au Festival de Tribeca, « Building a Bridge » qui provoquera l’ire de la communauté catholique traditionnelle.

Grand communicant convaincu que Dieu faisait passer ses messages et répandait l’évangile en parlant aux autres, James Martin rédige un manifeste pour un dialogue partagé, une reconnaissance mutuelle et une estime retrouvée. Ce qui lui vaut d’être nommé au Secrétariat pour la communication du Vatican.

Dès le mois d’octobre à Rome, il poursuivra sa croisade en faveur de l’intégration des LGBT au sein de l’Église. Le Pape, lui, l’a déjà entendu.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique