Jean-Luc Munichon
Le leader de la France insoumise tient pour « absurde et criminelle » la politique d’aide à l’Ukraine de Joe Biden. Mais il ne dit rien quand Poutine fait appel à la Corée du Nord et bombarde sans retenue…
Dans le conflit ukrainien, le leader de la France insoumise a choisi son camp depuis longtemps : Poutine a des torts, certes, mais ceux qui le combattent sont les assassins de la paix. Il faut donc seconder avec énergie les efforts de Donald Trump en faveur d’un compromis, quitte à sacrifier la démocratie ukrainienne.
Soucieux de répondre aux offensives redoublées de Poutine en Ukraine, le président américain a autorisé Volodymyr Zelenski à utiliser les missiles américains à longue portée dont il dispose pour bombarder les bases d’où partent les attaques russes. Aussitôt, le chef de la France insoumise réagit. Conformément à sa posture anti-américaine et pro-russe, il fustige « la stratégie absurde et criminelle de Biden à la veille de l’ouverture des discussions de paix entre Ukraine et Russie. » Curieusement, il oublié de dénoncer l’implication des troupes coréennes dans le conflit, venues renforcer les troupes d’invasion, et les attaques meurtrières de Poutine contre le système électrique ukrainien, destinées à affaiblir la population ukrainienne empêchée de se chauffer en hiver.
Normal : pour lui, la responsabilité de l’escalade incombe par définition aux démocraties. Expression d’une résistance face à un supposé « impérialisme de l’OTAN », Poutine ne fait que se défendre en voulant reconstituer l’ancien empire russe – ou soviétique – et en s’assurant, au besoin par la force, de l’obéissance des nations de l’est européen qui bordent les frontières de la fédération de Russie. Telle est la vision de Mélenchon, qui voit dans les États-Unis l’ennemi principal, contre lequel il faut soutenir toutes les forces dissidentes, seraient-elles dirigées par des dictateurs plus ou moins féroces.
Il faut donc, dans son esprit, permettre à Poutine de recouvrer sa sécurité en asservissant les nations voisines, la Géorgie, la Biélorussie ou l’Ukraine, bientôt les états baltes et – pourquoi pas ? – la Pologne, qu’il veut contraindre à regagner le giron de la sphère d’influence russe. Ainsi raisonnait Neville Chamberlain, qui voulait se concilier « le chancelier Hitler » en l’autorisant à dominer les pays limitrophes du Reich, au besoin par la force. On connaît la suite…
Il est pourtant une autre vision du conflit ukrainien : la guerre de Poutine fait partie de l’offensive générale des régimes identitaires et autoritaires contre les démocraties (qui ne sont pas toutes occidentales, loin de là). Mélenchon ne cesse d’exalter en France « le peuple » contre « la caste » des élites méprisantes. Mais s’agissant des peuples de l’est-européen, décidés à défendre leur indépendance contre l’expansionnisme russe, tout change. Les agressés deviennent les agresseurs et les fauteurs de guerre des artisans de la paix. Soi-disant de gauche, Mélenchon est en l’occurrence un auxiliaire munichois des dictateurs et, tout bonnement, un traître à la démocratie.