J’écrirai ton nom
Une fable sur l’absurdité de la guerre vue à hauteur d’homme
Le livre démarre avec Modiano et débouche sur Kessel. En découvrant le nom d’un inconnu sur le mur d’un village de la Drome provençale, l’auteur n’écrit pas un roman, il médite sur l’impossible oubli. À partir de faibles indices, Hervé Letellier part à la recherche de son personnage. Il découvre alors, peu à peu, le parcours d’un maquisard tombé à vingt ans sous les balles allemandes .
Des images sobres et violentes : un jeune homme comme tant d’autres, modeste artisan, juste épris de liberté, un village de France plongé dans la peur, en pleine Occupation, des partisans venant d’horizons bigarrés , des régiments SS déchaines par la défaite imminente, la trace des derniers trains de déportés, des Français discrets et courageux dans le pays profond, et des vedettes du cinéma qui se produisent à Paris devant les officiers allemands… Avec des perles d’humour comme cette histoire juive : deux résistants sont face au peloton d’exécution. Quand l’un d’eux refuse de se laisser bander les yeux, l’autre lui lance : « Arrête, tu vas finir par nous attirer des ennuis ! »
Ce livre se lit comme une fable sur l’absurdité de la guerre vue à hauteur d’homme. Et refait surgir le regret qu’une amnistie générale ait couvert tout cela… à peine huit ans après la Libération ! Il faudrait revisiter ce moment de 1953, quand le devoir de réconciliation a étouffé le devoir de vérité . Comme si le silence pouvait effacer la honte.
Au moment où la violence des armes resurgit aux portes de l’Europe ce livre résonne comme un avertissement : ne jamais oublier ce dont les hommes sont capables, quand la barbarie est de retour. Le Tellier nous rappelle qu’il y aura toujours un nom sur un mur pour maintenir nos consciences en éveil.
Le nom sur le Mur. Édition Gallimard . Hervé Le Tellier.