Jeux olympiques : l’affiche de la honte!

publié le 07/03/2024

Droite et extrême-droite s’indignent de voir l’affiche officielle des Jeux négliger la croix qui surmonte le dôme des Invalides. Or, dans cette fresque infâme, il y a bien d’autres sacrilèges… 

Affiches officielles des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 de l'artiste français Ugo Gattoni, au musée d'Orsay à Paris, le 4 mars 2024 - Photo by Dimitar DILKOFF / AFP

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques demande à un artiste de réaliser l’affiche officielle de la cérémonie. Missionné, Ugo Gattoni, artiste au style onirico-BD, pond un dessin plutôt réussi, coloré et foisonnant, qui raconte mille histoires liées aux Jeux, dans un Paris réinventé aux allures de village futuriste. Aussitôt, droite et extrême-droite se jettent sur la fresque pour hurler à la trahison nationale : le drapeau tricolore est absent ; le dôme des Invalides a été délesté de la croix qui le surmonte au profit d’une flèche. Insulte à l’honneur de la patrie, attentat contre « les racines chrétiennes » du vieux pays, etc.

Loupe sur le dôme des Invalides sans sa croix (D.R)

Certains répondent que la charte olympique proscrit les signes religieux ostensibles, ce qui peut expliquer l’omission de la croix ; les autres que les affiches des Jeux précédents, depuis des décennies, ne comportaient aucun emblème national. Rien n’y fait : la droite se fend même d’une question d’actualité au Parlement pour fustiger l’offense à la nation.

Au vrai, elle pourrait continuer dans la même veine. La tour Eiffel, placée au centre du dessin – ce qui laisse à penser que ces Jeux ont bien lieu à Paris, capitale de la France – a été repeinte en rose, injure à la mémoire du bon Gustave, son architecte. L’Arc de Triomphe voit le métro passer sous son arche : double sacrilège, envers l’Empereur et ses grognards, pour qui le monument a été construit, et aux poilus de la Grande Guerre,  comme à tous les militaires tombés pour la France, puisque le trivial transport en commun roule avec désinvolture sur la flamme du soldat inconnu.

La mémoire d’Henri IV est salie, puisque le Pont-Neuf, où trône sa statue, est soudain affligé d’une forme courbe qui défigure sa magnifique perspective. L’obélisque de la place de la Concorde est surmonté d’un ballon en forme de bonnet phrygien, double moquerie envers l’antiquité égyptienne et la gloire des sans-culottes. Enfin, violation manifeste des Droits de l’Homme et du Citoyen, le parvis du même nom est enlaidi par la présence incongrue d’une main colossale tournée vers le ciel.

On peut même se demander si l’accueil de ces olympiades est bien conforme au génie national. Après tout, les Jeux olympiques sont une manifestation festive et sportive d’origine païenne qui piétine allègrement la tradition chrétienne et ne saurait se tenir dans un pays qui s’est si longtemps targué d’être, non la patrie de Zeus et d’Athéna, mais « la fille aînée de l’Église ».