Joe Biden, l’inaltérable

par Valérie Lecasble |  publié le 28/10/2023

A en croire François Hollande, il serait, même âgé,  le meilleur Président que les Etats-Unis aient connu depuis 40 ans. Démonstration

Le président américain Joe Biden à Baltimore, Maryland, le 1er mars 2023 - Photo : Andrew Caballero-Reynolds / AFP

A bientôt 81 ans, il manque de fluidité dans la parole et d’assurance dans la démarche. Il peut interpeller une élue décédée, perdre le fil d’une conférence de presse, s’écrouler sur scène lors d’une cérémonie militaire, être confus avec le roi d’Angleterre. Trop vieux Joe Biden ? En réalité, un des meilleurs .

Depuis trois ans qu’il a été élu, il n’en finit pas de surprendre par la pertinence de ses prises de décision.

On le croyait terne et sans aspérités depuis qu’il avait choisi de faire profil bas pendant sa campagne électorale, laissant à Kamala Harris, sa plus jeune et énergique vice-présidente le soin de façonner son image à ses côtés. Les Américains l’auraient, disait-on alors, élu pour faire barrage à Donald Trump. Mais il n’arriverait pas à la cheville d’un Bill Clinton ou d’un Barack Obama.

Élu sénateur à trente ans, vice-président d’Obama pendant huit ans, Président à 78 ans, le plus âgé de l’histoire des Etats-Unis, Joe Biden a réalisé un jusqu’ici un parcours sans-faute récemment salué par François Hollande.

Même progressiste, Bill Clinton n’avait pas montré beaucoup de considération pour l’Europe lorsqu’ avec Premier ministre britannique, Tony Blair, il traçait une voie anglo-saxonne mondialiste et libérale, opposée à la vision plus régulatrice de l’économie du couple franco-allemand Jospin-Schröder.

Quant à Barack Obama, malgré l’ « Obamacare » qui élargit la couverture de santé des Américains, il restera le Président qui n’a pas osé combattre l’État islamique en Syrie et n’a pas su empêcher Vladimir Poutine de conquérir la Crimée. Rien de tout cela avec Joe Biden.

Ainsi lors de sa visite en Israël dix jours seulement après l’attaque terroriste du Hamas, il a su convaincre Benyamin Netanyahu de retarder l’opération terrestre que le Premier Ministre israélien était sur le point de déclencher. Il l’a mis en garde contre le double danger qu’il y aurait à provoquer la mort des otages et à coaliser le monde arabe contre Israël. Il lui a enfin posé une question cruciale : comment Israël pourrait-il réussir à occuper Gaza quand les Etats-Unis ont échoué en Afghanistan ?

Biden avait déjà soutenu avec la même conviction l’Europe contre l’« opération militaire spéciale » lancée par la Russie,  n’hésitant pas à débloquer 110 milliards de dollars d’aide civile et militaire à l’Ukraine. L’Amérique a fourni roquettes, munitions, canons, missiles, obus, cartouches, grenades et même autorisé l’envoi d’avions de combat américains F-16.

Mieux. Il a récemment requis 100 milliards de dollars supplémentaires pour aider Israël, l’Ukraine et Taïwan, se posant en chef d’un messianisme démocratique destiné à bloquer l’axe du mal que représentent le Hamas donc l’Iran, la Russie et la Chine.

Leader des démocraties à l’extérieur, Joe Biden n’a pas oublié ses compatriotes. Pour financer la transition écologique, il consacrera 370 milliards de dollars sous forme de crédits d’impôts aux entreprises qui investissent dans les énergies propres aux Etats-Unis. Parfois, la valeur attend le nombre des années.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique