Journal de bord: dans le chaudron de Mayotte

publié le 30/04/2023

Michel M., ancien enseignant à Mayotte et navigateur au long cours, a passé cinq ans sur l’île. Il raconte le vécu des habitants, l’insécurité, la violence,  les conditions sanitaires, l’immigration sauvage, l’exploitation des travailleurs clandestins… Edifiant

Manifestation contre l'insécurité et l'immigration sauvage - Photo by BERTRAND LANGLOIS / AFP

– » Le premier jour de mon arrivée à Mayotte, j’ai vu une colonne d’hommes et de femmes encadrées par d’autres personnes. Que se passait-il ? Ces personnes étaient habillées à l’identique, et rien, à mes yeux, ne me permettait de distinguer les accompagnants des accompagnés. Renseignements pris, les accompagnants étaient des habitants de Mayotte, des Mahorais, qui ramenaient des immigrés au bateau qui faisait la liaison avec les autres îles des Comores.

-Dans les faits, ces clandestins arrivés en Kwassa kwassa (barque locale) à Mayotte, en provenance des autres iles des Comores venaient y trouver du travail et étaient employés clandestinement par des Mahorais qui, après trois mois environ, étaient raccompagnés sans être payés au bateau à destination de leur ile de provenance et de manière cyclique. Main d’œuvre facile, puisque quelques jours plus tard, les mêmes personnes ou d’autres se retrouvaient à Mayotte.

-Lors d’une petite intervention médicale, je me suis rendu à l’hôpital de Mayotte. Dans l’allée de cet hôpital, de nombreuses femmes enceintes se trouvaient allongées à même le sol, toujours couchées sur le côté dans une chaleur écrasante. Il a fallu que j’enjambe toutes ces personnes pour entrer et me faire soigner.

-Un ami douanier résidant dans un lotissement sécurisé à Koungou rentrait tous les soirs son zodiac dans sa salle à manger. Sur sa maison, toutes les entrées étaient sécurisées par des grilles métalliques. Le couple dormait à l’étage. En pleine nuit, ils ont entendu des coups sourds mais ont mis quelques minutes pour descendre au rez-de-chaussée. Le zodiac avait disparu !

Les voleurs avaient simplement cassé le mur, proche de la double porte d’entrée, à la masse. Un trou suffisamment grand pour y faire passer un enfant et que celui-ci ouvre la double porte, de l’intérieur.

L’ami douanier et sa compagne rebouchent le trou au béton le soir même. Le lendemain soir les voleurs repassent par le même trou fraichement bétonné pour récupérer la nourrice à essence… qu’ils avaient oublié.

-Dans ce même lotissement sécurisé, je suis invité chez des amis pour diner. Nous sommes une dizaine de personnes. La maitresse de maison dresse la table avec assiettes, couverts, verres, nappe…
Nous prenons l’apéro à l’intérieur de la maison pour éviter les moustiques et lorsque nous sortons sur la terrasse pour nous attabler, tout a disparu !

-Un groupe d’amis possesseurs de petits bateaux hors-bords décident de faire construire une maison pour accueillir un gardien afin qu’il puisse surveiller leurs bateaux au mouillage.
Ce gardien surprend des voleurs en train de vouloir voler un bateau.

Le gardien s’interpose et retient le bateau avec ses mains. Il reçoit un premier coup de machette (chambo) qui lui sectionne quatre doigts, il essaye malgré cela de retenir le bateau avec son autre main et reçoit un autre coup de machette qui lui en sectionne trois autres . Ces doigts ne sont pas tous sectionnés, mais pendouillent.

-Un ami avec un bateau et son moteur de 110 CV donc très lourd et quasiment impossible à porter est cambriolé dans la nuit. Après une recherche, il retrouve son bateau et le moteur dans la mangrove. Il se poste avec un fusil et ouvre le feu sur les protagonistes lorsque ceux-ci reviennent de nuit récupérer le bateau.

-Mes amis ont tous été cambriolés au moins une fois chacun. Une amie vivant seule dans son appartement au deuxième étage s’est retrouvée avec un homme en face d’elle au moment où elle prenait sa douche. Elle a eu le réflexe de lui donner 50 euros qu’elle avait posé sur sa table.

-Un ami, médecin ophtalmologue, est venu s’installer à Mayotte avec son épouse et ses 2 enfants en bas âge. En l’espace d’une semaine, il a été cambriolé tous les soirs. Au deuxième jour, il a appelé la police, qui est venue surveiller la maison. Le cambrioleur est tout de même entré malgré la présence des deux policiers, nu et enduit de graisse . Les policiers n’ont… pas réussi à l’attraper! »

Michel M.

Mayotte, officiellement nommée département de Mayotte, est à la fois une région insulaire française et un département de France d’outre-mer qui sont administrés dans le cadre d’une collectivité territoriale unique dirigée par le conseil départemental de Mayotte.

Anjouan est une île de l’archipel des Comores située dans l’océan Indien, qui constitue un État fédéré de l’Union des Comores. Capitale : Mutsamudu. Population : d’environ 327 382 habitants en 2017. Superficie, 424 km². Anjouan est l’ile ayant la plus grande densité de population dans l’archipel des Comores.

Mohéli, aussi appelée Mwali en comorien, est à la fois un État fédéré de l’union des Comores et l’une des quatre principales îles qui composent l’archipel des Comores, lui-même situé dans l’océan Indien. C’est la plus petite et la plus touristique des trois îles de l’Union des Comores. Population : d’environ 52 360 personnes en 2015. Capitale, Fomboni. Les principaux groupes ethniques qui l’ont composée, comme pour toutes les autres îles, sont d’origines bantoue, arabe, malaise, malgache et européenne. Mais la religion pratiquée par l’ensemble de la population est l’islam.

La Grande Comore est une île formant un État fédéré de l’union des Comores. C’est la plus peuplée et la plus grande des îles de l’archipel des Comores. Elle a pour capitale Moroni, qui est également la capitale fédérale de l’union des Comores. Population : 410 736 habitants en 2016.