Judith Butler : misère de la philosophie

publié le 15/03/2024

Chaque week-end, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond ? L’essentiel

Laurent Joffrin- Photo JOEL SAGET / AFP

Lundi : Étrange indifférence

Quelque 800 personnes d’un côté, environ 1 000 de l’autre. Bernard Cazeneuve et Raphaël Glucksmann ont tenu deux meetings réussis, l’un à Paris, l’autre à Lyon. Un esprit candide se demande pourquoi deux meetings de la gauche réformistes et pas un seul, puisque les deux orateurs défendent des positions proches et que la position de Cazeneuve, socialiste hors du PS, proche des radicaux, permet, entre autres, de s’adresser aux électeurs macroniens déçus, dont le ralliement pourrait porter Glucksmann au-delà des 10 % de voix aujourd’hui mesurés par les sondages. Bernard Cazeneuve avait invité Glucksmann à parler à ses côtés. Selon certaines sources, il n’a jamais reçu de réponse. Étrange indifférence, au moment où la gauche responsable a impérativement besoin de tous ses soutiens pour se refaire une santé.

Mardi – Une nouvelle liberté

Ouverture prudente de Macron au principe de « l’aide à mourir », sous la forme du suicide assisté et d’une « exception d’euthanasie ». Les deux existent déjà dans les pays voisins de la France, sous des formes diverses, qui permettent aux patients atteints de maladie incurables provoquant des souffrances réfractaires insupportables, de choisir leur mort. La réforme suscite de légitimes interrogations, au-delà de l’opposition traditionnelle des grandes religions. Rappelons un élément clé, qu’on oublie parfois : la liberté du patient reste entière, personne n’est encouragé à faire usage de cette « aide à mourir », encore moins contraint ; dans ces situations tragiques, la procédure découle de la volonté clairement établie de celle ou celui qui veut choisir sa fin, vérifiée par au moins deux médecins. C’est une liberté supplémentaire, encadrée par la loi, ni plus, ni moins.  

Mercredi – Judith Butler : misère de la philosophie

Après avoir qualifié l’attaque du Hamas du 7 octobre « d’acte de résistance », terme par définition laudatif, qui n’était ni « terroriste » ni « antisémite », la philosophe Judith Butler reconnaît que les méthodes employées relèvent de « l’atrocité » et que «que l’on peut clairement entendre de l’antisémitisme dans les enregistrements qui nous sont parvenus ». Cinq mois après l’événement, il était temps de s’en apercevoir. Une telle légèreté et une telle confusion dans l’expression, on en conviendra, jette un doute sur la qualité de cette pensée, qui aboutit à qualifier le Hamas d’organisation « de gauche » et à passer sous silence, au nom de l’anti-impérialisme, sa doctrine dictatoriale, patriarcale, dogmatique, obscurantiste… et anti-LGBT. Le mot de Marx s’impose : misère de la philosophie. 

Jeudi – les crimes de Netanyahou

Plus la guerre de Gaza se prolonge, plus la situation de la population civile de l’enclave horrifie les esprits les mieux disposés à l’endroit d’Israël. Au massacre causé par les combats et les bombardements incessants, s’ajoute maintenant un début de famine qui provoque des scènes dantesques à l’arrivée des rares convois de ravitaillement. La « droit de se défendre », chacun en conviendra, ne comporte pas le droit d’exercer une sanglante et massive punition à l’égard hommes, femmes et enfants des Gaza. Le massacre des innocents creuse chaque jour un peu plus le fossé de haine qui sépare les deux peuples, attisant sans cesse le désir de vengeance.

Vendredi : l’impératif laïque

Vingt ans de loi sur les « signes religieux ostensibles à l’école », dite, « loi sur le voile ». Sage législation promulguée naguère par Jacques Chirac, qui proscrit le prosélytisme muet que constitue le port d’insignes confessionnels visibles dans les établissements de la République. Globalement, elle est respectée, notamment par les familles musulmanes peu soucieuses de gâcher les chances scolaires de leurs enfants. Mais les offensives islamistes sont incessantes, sur les programmes, les sorties pédagogiques, le sport, l’abaya. Le principe de laïcité exige une réponse intransigeante, la seule à même de convaincre l’opinion, y compris parmi les musulmans.