La bêtise tranquille de Christine Kelly
La présentatrice de CNews se présente comme une héroïne de la Résistance, sur fond sonore du Chant des Partisans. Jusqu’où ira l’abaissement du débat public ?
Inculture ou bêtise ? Sans doute les deux cumulés. Christine Kelly, animatrice de l’émission « Face à l’Info » sur CNews, fête ses cinq ans d’antenne en comparant les spectateurs qui la regardent à des « résistants ». Pour faire bonne mesure, son héroïque déclaration est accompagnée par le Chant des Partisans, hymne de la Résistance composé pendant la guerre mondiale par Anna Marly, avec des paroles de Joseph Kessel et Maurice Druon, dans la version chantée par Léo Ferré.
On ignorait que cette dame avait été pourchassée pendant cinq années par une Gestapo moderne et l’on se réjouit qu’elle ait pu échapper, telle une Lucie Aubrac du PAF, à la torture et à la déportation. Chacun sait, il est vrai, que la chaîne de Vincent Bolloré est diffusée depuis Londres, sans cesse brouillée par les soins de la censure macrono-islamo-gauchiste.
L’idiotie de la référence traduit bien, en fait, l’inanité de la victimisation systématique dont l’extrême-droite se fait un bouclier pour diffuser ses thèses délétères. Sur tous les plateaux, à tous les micros, dans ses journaux dédiés, elle ne cesse de tympaniser le public en clamant qu’on l’empêche de parler. Le pire, est qu’il y a toujours des masses de gogos pour croire à ces balivernes et penser que le « politiquement correct » et la « bien-pensance » – c’est-à-dire la soi-disant dictature de la gauche sur les médias – étouffent la libre parole en France. Cette fois la démonstration est faite du grotesque de ces jérémiades, non par l’absurde mais par le ridicule.
Il est vrai que le même jour, de l’autre côté du spectre politique, l’assistant de la députée LFI Ersilia Soudais, Ritchy Thibault, attribue son classement en fichier « S » aux « enfants de Pétain de la police nationale » ajoutant qu’il a été fiché par « un régime en cours de fascisation », ce qui en dit long sur sa connaissance des réalités du fascisme italien ou allemand.
Tout cela n’aurait pas grande importance s’il ne s’agissait d’une chaîne nationale d’un côté, en principe vouée à l’information, et de l’autre l’assistant d’une députée de la République, en principe tenue à une certaine qualité d’argumentation. Peut-être ces éminences médiatiques et politiques pourraient-elles se renseigner sur la réalité de la Résistance et du régime de Vichy avant de les mettre au service de leur médiocre propagande. Mais pour rabaisser le débat public, ils s’entendent comme larrons en foire : concours d’outrance et de bêtise entre droite et gauche radicales. Kelly-Soudais, même combat…