La brutalité de l’Armée rouge

par Pierre Feydel |  publié le 03/05/2024

En 1945,  l’Armée rouge a tué, torturé et violé en nombre dans les pays envahis. Une « tradition » conservée…

D.R

L’épouvantable réputation de l’armée russe ne provient pas seulement des exactions commises en Ukraine. Certes, le massacre de Boutcha au nord de Kiev, du 27 février au 31 mars 2022, a épouvanté, mettant immédiatement fin aux négociations qui avaient lieu en Turquie entre les deux belligérants. Des unités russes ont exécuté des civils dans les rues, violé, torturé, pillé et enfoui des cadavres dans des fosses communes. Ces soldats n’avaient plus à rien à envier aux routiers du Moyen-âge ou aux reitres des XVIème et XVIIème siècles. Le souvenir des tueries de Tchétchénie et en Afghanistan revenait.

En fait, la réputation de cruauté du soldat russe tient surtout à la sanglante trainée que l’Armée rouge a laissée derrière elle lors de sa marche vers Berlin.  Bien sûr, les horreurs commises par les forces nazies sur le territoire soviétique expliquaient les désirs de vengeance. Mais le soldat de l’armée de Staline a vivement été encouragé à punir l’ennemi autant qu’à le vaincre et à confondre civils et militaires dans sa fureur. Ilya Ehrenbourg, écrivain, propagandiste du régime, écrit dans « l’Étoile rouge » en 1942 : « Tuons… si tu n’as pas tué un Allemand, ta journée est perdue ».  

Un autre fois, il recommande de « briser avec violence la fierté raciale des femmes allemandes ». Un appel au meurtre et au viol parfaitement entendu. Les commissaires politiques précisent : « Il n’y a pas d’innocents chez les fascistes ». « L’Armée rouge était hors de contrôle », commente l’historien britannique de la Seconde Guerre mondiale Anthony Beevor.

Le pire se produit lorsque les Soviétiques entrent dans les pays qu’ils « libèrent » dont les dirigeants ont été des alliés de l’Allemagne, tels la Finlande, la Hongrie ou la Roumanie ; mais aussi dans ceux dont la population reste hostile aux Russes, les pays baltes ou la Pologne ; et bien sûr en Autriche et en Allemagne. Lors d’une contre-attaque autour de Konisberg (aujourd’hui Kaliningrad) en Prusse orientale, la Wehrmacht découvre des femmes clouées sur les portes des granges, des milliers de femmes violées un nombre incalculable de fois, des enfants, des vieillards massacrés.

C’est peut-être les chiffres énormes des viols qui frappent le plus : 2 millions de femmes allemandes, dont 10 000 au moins mourront de leurs blessures, sont assassinées ou se suicident. Des prisonniers de guerre britanniques, libérés par les Russes témoignent : des soldats soviétiques « violaient les premières semaines après la conquête, chaque femme, chaque fille de 12 à 60 ans ». C’est le plus grand phénomène de viols de l’Histoire.

Le maréchal Staline s’en amuse. Il faut bien que ses soldats aient quelques distractions. Les victimes des crimes de guerre de l’Armée rouge se comptent en millions, 5, 10, plus… dans des pays qui subiront ensuite la répression du NKVD puis du KGB, les déportations et les exécutions sommaires.

L’Union soviétique était l’alliée des forces occidentales. En Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest, ces horreurs ont donc été minimisées. Et les Partis communistes ont soigneusement entretenu le déni, évoquant les « crimes fascistes ». Comme si la sauvagerie des uns justifiait celle des autres.

Pierre Feydel

Journaliste et chronique Histoire