« La campagne la plus courte et la plus violente de l’histoire »

par Malik Henni |  publié le 21/06/2024

Une alliance de gauche montée en quelques jours, une extrême-droite en position de force et un macronisme qui entame sa descente aux enfers… La presse attend le 7 juillet

D.R

Dans le libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung, le ton est donné : « La France est un pays de drame » et Emmanuel Macron n’a pas dérogé à la tradition du pays de Racine en décidant de « coup de théâtre » (en français dans le texte). Depuis, le pays est plongé dans une campagne électorale inédite où l’extrême droite ne fait plus vraiment peur.

À Washington, Politico insiste sur l’importance de ces élections qui pourraient redéfinir le visage de l’UE et de l’OTAN : « L’extrême droite a de bonnes chances de pouvoir former un gouvernement dans un pays doté de l’arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, qui joue un rôle majeur dans la sécurité mondiale, de l’Atlantique Nord au Pacifique. »

En Espagne, le conservateur El Pais constate en effet que l’extrême-droite a gagné en respectabilité : « les dirigeants du Rassemblement national reçoivent des appels ou sont courtisés par des hommes d’affaires et de hauts fonctionnaires du pays ».

L’italien de centre-droit, Corriere della serra remarque qu’une atmosphère particulière plane sur la campagne, alors que la gauche française est accusée d’ambiguïtés sur l’antisémitisme, mais que le RN semble être exemptée de telles critiques. À la suite des propos d’Emmanel Macron jugés transphobes et sa qualification du programme de la gauche « d’immigrationniste », le journal conclut : « Il s’agit de la campagne électorale la plus courte et la plus violente verbalement de l’histoire récente de la France.»

Der Tagesspiel retient, factuellement, le soutien du chasseur de nazis Serge Klarsfeld à l’extrême-droite car « Le RN soutient les Juifs et l’État d’Israël, et dans ce sens, il voterait pour un parti pro-juif, a déclaré Klarsfeld. Mais il a également déclaré qu’il voterait comme d’habitude pour un parti centriste lors des prochaines élections dans sa circonscription ».

Le site d’information roumain HotNews, le plus lu du pays, se rend dans la banlieue parisienne et tend le micro à ceux qui craignent une victoire de l’extrême-droite. Outre le désintérêt pour la politique et l’indifférence pour des élections « qui ne changent rien », le journal constate une peur diffuse chez les populations d’origines immigrées : « “Je pense qu’il y aura plus de racisme (…) et de discrimination” si le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella remporte le second tour des élections législatives».

Enfin, pour le Financial Times, l’alliance de gauche ne passionne pas la presse étrangère. Le journal d’affaires est très critique : le Nouveau Front Populaire « demande la fin des accords de libre-échange, l’introduction de taxes à la frontière pour garantir un “protectionnisme environnemental et social”, des taxes européennes sur les “superprofits” des entreprises et sur les riches, ainsi que des modifications du droit européen de la concurrence pour autoriser les monopoles publics nationaux. » De quoi sans doute réduire la confiance des investisseurs dans une France déjà largement endettée.

Malik Henni