La débandade trumpiste
Les anciens amis de Donald Trump acceptent désormais de témoigner contre lui. Des défections qui devraient logiquement conduire à l’élimination politique du tricheur milliardaire.
La bande se délite, le gang se déchire. Confrontés à une ribambelle de procédures judiciaires, mis devant des preuves accablantes, les amis de Donald Trump font défection les uns après les autres, cherchant à échapper aux inévitables sanctions en se retournant contre leur ancien patron.
Les mœurs pénales américaines sont à l’origine de cette débandade : s’ils acceptent de collaborer avec la justice, les prévenus peuvent espérer réduire leur peine et même, dans certains cas, échapper à toute condamnation. Comme ils savent que l’ancien président, tout à son hubris égotiste, ne lèvera pas le petit doigt pour leur venir en aide, ils quittent le navire en panique, quitte à dire la vérité, c’est-à-dire à reconnaître qu’ils ont voué leur carrière à un tricheur professionnel, qui ment sur ses avoirs pour obtenir des prêts bancaires ou pour réduire ses impôts, qui a monté de toutes pièces la vaste fumisterie de « l’élection truquée par les démocrates » et qui a fomenté en toute conscience un début de putsch destiné à inverser les résultats du scrutin de 2020, en lançant ses troupes chauffées à blanc à l’assaut du Capitole.
En Géorgie, comme le rapporte Le Figaro, trois avocats menacés par la justice ont reconnu avoir faussé le jeu normal des institutions et effectué de fausses déclarations sur les fraudes électorales supposées dans cet État. De même Mark Meadows, ancien chef de cabinet de Trump, et donc l’un de ses collaborateurs les plus proches, a accepté de livrer sous serment un témoignage accablant en échange d’une immunité totale. Dans les semaines qui ont suivi l’élection présidentielle, il a répété au président battu que les allégations de fraudes électorales étaient toutes sans fondement. Ce qui met en lumière le « mensonge déconcertant » utilisé par Trump pour contester l’élection de Joe Biden, qui ne reposait sur rien, pas même sur des fausses informations qu’on lui aurait transmises.
Certains notent que Trump caracole en tête des sondages pour les prochaines primaires républicaines, ce qui en fait un candidat redoutable pour son deuxième duel avec Biden. Ils dénoncent en conséquence le fait que l’on demande à la justice américaine de se substituer aux électeurs pour désigner le prochain président des États-Unis. L’ennui dans cette thèse trumpiste, c’est que l’on ne demande rien à la justice. Elle s’est saisie d’elle-même, comme il est de droit, des soupçons d’irrégularités qui entouraient les agissements de Trump pour diligenter ses enquêtes et ouvrir ses procédures. Nul complot dans cette affaire, mais la simple et bonne administration de la justice.
Contrairement à la fable répandue par les populistes, reprise par le camp trumpiste, la démocratie ne se résume pas à l’élection, elle ne repose pas seulement sur l’expression de la volonté populaire. Elle suppose le respect de l’état de droit et donc le respect de la loi, qui s’impose à tout citoyen, serait-il président ou ancien président. Un escroc élu reste un escroc : il doit répondre de ses actes devant les juges ordinaires. En vertu de ce principe élémentaire, les juges brésiliens ont écarté Jaïr Bolsonaro de la vie politique.
Au vu des charges écrasantes qui pèsent sur le favori des primaires républicaines, il n’y aurait que rectitude et logique à ce que les juges américains fassent de même avec Donald Trump.