La démocratie, voilà l’ennemi !

par Laurent Joffrin |  publié le 24/10/2023

Ce n’est pas un complot, mais une convergence. Les affrontements armés qui font l’actualité ont une seule cible : la liberté.

Laurent Joffrin

Un peu de recul sur les conflits qui assombrissent la planète… Guerre en Ukraine, attaque en Israël, offensive contre l’Arménie, coup d’État au Niger : il existe un point commun entre ces différentes crises.

Sur cette épidémie d’affrontements armés, on a déjà théorisé. Certains les ramènent à des mouvements anticoloniaux, qui voient les anciens colonisés prendre leur revanche. On peut le penser dans le cas du Niger ; aussi bien, les ennemis d’Israël clament qu’ils combattent une puissance coloniale. Mais l’Ukraine ou l’Arménie n’ont rien à voir avec l’ancienne colonisation de la planète…

D’autres parlent d’une révolte du « sud global » contre l’ordre du monde. Certes, les puissances méridionales contestent l’hégémonie du nord. Mais peut-on assimiler la Russie à une puissance du sud, tout comme l’Azerbaïdjan ? Voilà qui heurte quelque peu la géographie.

Non, ce qui relie ces quatre confrontations, comme celle qui oppose la Chine à Taïwan, ou bien l’Iran aux puissances occidentales, ce sont les prétentions de régimes autoritaires, nationalistes, envers d’autres qui obéissent à des valeurs démocratiques. Nous assistons en fait à plusieurs attaques contre le monde démocratique, menées simultanément par des forces dictatoriales. Et ce qui est en jeu, in fine, c’est l’avenir des régimes de liberté face à des régimes identitaires et tyranniques.

Le Hamas prétend incarner la volonté d’indépendance du peuple palestinien. Certes, beaucoup de Palestiniens le soutiennent pour cette raison-là. Mais son projet va beaucoup plus loin : il s’agit de « libérer » l’ancienne Palestine de la présence israélienne, en totalité, pour y installer un État théocratique dictatorial. C’est-à-dire de remplacer une démocratie imparfaite par une tyrannie parfaite.

La Russie estime que l’Ukraine fait partie de son espace historique. Certes. Mais la défaite des armées de Kiev aboutirait à l’instauration d’un État fantoche entièrement dévoué à Vladimir Poutine, gouverné selon les mêmes méthodes qu’en Russie. C’est-à-dire le remplacement d’une démocratie imparfaite par une tyrannie parfaite.

L’Azerbaïdjan considère que le Haut-Karabagh lui appartient et que l’Arménie doit être matée. Certes, mais le régime de Bakou est aussi une dictature féroce qui voit l’Arménie comme une proie. Ainsi une démocratie imparfaite serait placée sous la férule d’une tyrannie pétrolière.

Les militaires nigériens ont entrepris de chasser de chez eux l’ancienne puissance coloniale. Mais ils substituent un régime autoritaire à un État qui tentait de mener une politique plus démocratique. Ainsi on remplace une démocratie imparfaite par une dictature militaire.

Nous entrons ainsi dans une ère nouvelle : celle du nationalisme autoritaire et conquérant. Tous les démocrates doivent le savoir.

Laurent Joffrin