La disgrâce de Rachida Dati

par Valérie Lecasble |  publié le 03/07/2024

La ministre de la Culture est rattrapée par ses affaires

Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris après un débat avec le député LFI NUPES Ugo Bernalicis lors de l'université d'été du parti d'extrême gauche La France Insoumise - Chateauneuf sur Isère, 2022-08-27 - Photographie Nicolas Guyonnet / Hans Lucas.

L’étau se resserre sur Rachida Dati. Ses avocats ont eu beau ferrailler et se montrer confiants pour tenter d’obtenir la prescription des faits incriminés dans le soupçon de « corruption passive » et « trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public » qui pèse sur elle dans l’affaire Carlos Ghosn, ils ont été déboutés par la Cour d’appel de Paris.

Leur pourvoi en cassation n’étant pas suspensif, l’imminence d’un procès se rapproche. « Cette décision ne préjudice en rien sur le fond et sur l’innocence de Mme Dati », ont insisté ses avocats. Sauf que depuis des années qu’elle est mise en examen, la ministre de la Culture n’a, selon plusieurs sources, pu à ce jour fournir à son dossier aucune prestation ou presque qu’elle aurait réalisée en échange des 300 000 euros qu’elle a touchés chaque année pendant trois ans de Renault-Nissan. Par ailleurs, le Parquet paraît déterminé à avancer vers son prochain procès.

Ce coup dur fragilise un peu plus Rachida Dati qui, nommée ministre de la Culture par Emmanuel Macron espérait bénéficier d’une protection supplémentaire dans ses multiples affaires. Elle devait par ailleurs mener tambour battant avant la fin de l’année la fusion de l’audiovisuel public qu’elle aurait pu mettre à son actif pour montrer l’efficacité qu’elle revendique en tant que ministre depuis ses années Sarkozy, et qui aurait un peu contrebalancé la partie plus contestée de ses activités et de sa personnalité.

La dissolution lui a coupé les ailes en plein vol. On l’a vue contrainte par Emmanuel Macron d’aller à la télévision défendre la décision de la dissolution qu’en réalité elle réprouve.

Depuis, elle tente de reprendre la main à Paris dont elle guigne de devenir la Maire lors des élections municipales de 2026. Elle a ainsi imposé avec l’aval du Président de la République, son candidat et adjoint, Jean Laussucq dans son fief du 7ème arrondissement face au député Renaissance sortant, Gilles Le Gendre.

Arrivé troisième, celui-ci a dû se désister, mais non sans dénoncer les méthodes de Rachida Dati et en précisant qu’au second tour, il votera pour la candidate ….socialiste Marine Rosset. Félicité Herzog, candidate Les Républicains soutenue par François Baroin dans la même circonscription, a elle aussi, dénoncé de son côté les méthodes de « barbouze » de Rachida Dati qui n’a cessé de lui mettre des bâtons dans les roues pendant la campagne électorale.

La menace la plus sérieuse pour les ambitions de Rachida Dati provient enfin des neuf élus dès le premier tour des élections législatives à Paris, soit la moitié des 18 circonscriptions, tous issus du Nouveau Front Populaire dont 6 sont LFI, 2 Verts et 1 PS.

Avec une capitale aussi largement à gauche, quelles sont ses chances d’accéder comme elle l’espère à la Mairie de Paris en 2026 ?

Valérie Lecasble

Editorialiste politique