La fin de Macron

par LeJournal |  publié le 21/06/2024

Édouard Philippe appelle à la constitution d’une « nouvelle majorité ». Ce qui, selon toutes probabilités, sonne la fin de l’emprise du président sur la majorité parlementaire

Laurent Joffrin- Photo JOEL SAGET / AFP

Le président, dit le maire du Havre, « a tué la majorité présidentielle ». C’est en effet l’issue la plus probable de ces élections législatives : si le RN ou la gauche sont majoritaires, c’est une cohabitation âpre qui commence. S’il n’y a pas de majorité, ce n’est pas Emmanuel Macron qui sera l’architecte d’une coalition nouvelle, mais les groupes parlementaires qui chercheront à s’accorder. Tel est le message d’Édouard Philippe, qui fut Premier ministre plutôt fidèle et qui prend ainsi le rôle d’un Brutus débonnaire face au César affaibli de l’Élysée.

Pour éviter cette disparition politique, il faudrait que le président retrouve après le 7 juillet une majorité composée de ses seuls fidèles : on sait que cette hypothèse est hautement improbable. Ainsi, après sept ans de domination, arrivé à l’âge de raison – ou de déraison en l’occurrence – le macronisme se dissout aussi vite qu’il a lui-même dissous l’Assemblée. Émerge dans le bloc central, par la volonté d’Édouard Philippe, le plus populaire des prétendants, une combinaison alternative.

Contours

La maire du Havre en a dessiné les contours : une alliance des rescapés du macronisme auto-dilué avec la droite républicaine et les sociaux-démocrates séparés du Nouveau Front Populaire. Est-ce possible ? Oui sur le papier. Mais il faut pour cela réunir plus de 289 députés, hypothèse peu vraisemblable si le RN est aussi fort qu’on le craint et le Nouveau Front Populaire assez puissant pour constituer le deuxième groupe de l’Assemblée, comme semblent l’indiquer les sondages. Dans ce cas, le songe de Philippe sera moins horrible, mais plus évanescent que celui d’Athalie et rejoindra le vaste musée des stratégies imaginaires.

Tous ces scénarios, aussi fragiles les uns que les autres, n’ont qu’un seul point commun : ils sortent Emmanuel Macron du jeu et le confinent au rôle d’un chef d’État qui préside sans gouverner. Sans véritable colonne vertébrale idéologique ni implantation solide dans le pays, il serait alors réduit à l’état de longue parenthèse. À moins, bien sûr, que les extravagantes et dangereuses palinodies de LFI ne regonflent soudain ce macronisme en voie de disparition.

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