La gauche et l’imam
Dans l’affaire des drapeaux « sataniques », les leaders de la gauche sont restés soigneusement muets, à l’exception de Marie Toussaint, qui a condamné l’expulsion. Nouvelle erreur politique…
Donc, l’expulsion rapide de Mahjoub Mahjoubi, imam à Bagnols-sur-Cèze, était juridiquement fondée. Ainsi en a décidé de tribunal administratif, juridiction indépendante. Comme on s’en souvient, ce clerc musulman avait déclaré dans un prêche public que « le drapeau tricolore » était un emblème « satanique », ce qui n’était, on en conviendra, guère républicain. Il avait ensuite plaidé le lapsus et son avocat avait expliqué qu’il ne visait pas particulièrement le drapeau français, mais les drapeaux nationaux en général, composé souvent de trois couleurs et donc « tricolores ».
Ce qui ne résolvait pas la question : si tous les drapeaux nationaux sont « sataniques », le drapeau français l’est aussi, ce qui nous ramène au cas précédent. Ces propos signifient surtout que la loi coranique, comme l’expliquait l’imam dans la suite de son prêche, est pour lui supérieure à celle de la République. Le « lapsus » ne change pas grand-chose à l’affaire. On peut d’ailleurs se demander au passage si l’imam Mahjoubi ferait le même prêche en Tunisie, pays dont il est ressortissant et lui aussi affligé d’un drapeau tout aussi national et donc « satanique ».
Au vrai, la déclaration contestée n’était en fait pas seule en cause. Le tribunal administratif a été très clair sur ce point. Il a jugé que les propos prononcés à d’autres occasions par Mahmoud Mahjoubi, depuis longtemps dans le collimateur de la préfecture, ne s’inscrivaient pas dans « le cadre des valeurs de la République française, opposaient les musulmans et les non-musulmans, incitaient à la haine envers les juifs et Israël ou faisaient l’apologie du djihad et de la charia ». Propos manifestement anti-républicains et, qui plus est, dangereux, au moment où la France doit combattre sans cesse les menées de « combattants du djihad », dont l’imam ne faisait certes pas partie, mais dont le discours ne pouvait que les encourager dans leurs actions.
Juste
Ainsi, même si Gérald Darmanin en a profité pour faire la promotion de la loi immigration, peut-être abusivement selon certains juristes, cette décision, juridiquement ratifiée par un tribunal, est politiquement juste. On ne voit pas pourquoi, en effet, il faudrait garder en France des gens qui ont bénéficié des lois d’accueil pour ensuite dénoncer publiquement la République, appeler à la sécession et diffuser des propos de haine et d’intolérance envers telle ou telle communauté (juive en l’occurrence), désignée comme une ennemie. Dès lors que les formes légales sont respectées, l’expulsion est justifiée.
Ce qui frappe dans l’affaire, c’est le silence de la gauche. À ma connaissance, la seule à s’être exprimée sur la question est la candidate écologiste Marie Toussaint, dans un débat sur BFM. Au lieu de considérer qu’un prêcheur antijuif, antirépublicain, qui fait l’apologie de la soumission de la femme au nom de conceptions obscurantistes, dès lors qu’il enfreint la loi, n’a rien à faire en France, elle a condamné l’expulsion, expliquant mollement qu’il fallait le garder sur le territoire national, quitte à lui infliger une sanction (laquelle ?).
Position confuse, jésuitique et au bout du compte inaudible pour tout électeur normalement constitué. Plus prudents, ou moins courageux, les autres se sont réfugiés dans un mutisme éloquent. La conclusion s’impose d’elle-même : tant que la gauche ne défendra pas hautement ses valeurs face à celles de l’islamisme, elle n’a aucune chance de reconquérir son électorat perdu.