La gauche libre
À Bram, dans l’Aude, une gauche unie retrouve l’esprit festif et tolérant sans lequel il n’y a pas de reconquête possible
Bizarre, étrange… Une réunion unitaire de la gauche sans invectives, sans anathème, sans caporalisation agressive.
Incongru, voire lunaire… Un débat entre socialistes, écologistes, radicaux ou communistes, sans excommunication, sans tweet assassin, sans insulte, où l’on ne traite pas l’autre de Doriot, où l’on ne profère pas de menace ou de chantage, où l’on essaie de comprendre et non de faire des procès.
Ce week-end, à Bram, dans l’Aude, c’était une réunion de la gauche sans les Insoumis. Donc, une réunion civilisée.
Pour la troisième année consécutive, Carole Delga, présidente de la région, réunissait la gauche réformiste à Bram, petite commune au cœur de l’Occitanie et de l’Aude rebelle, sous les auspices de Jaurès, le voisin essentiel. Chacun a joué sa partition, Riss de Charlie s’inquiétant du retour de Dieu en politique, épaulé par Henri Pena-Ruiz, philosophe de la laïcité et repris au vol par Bernard Cazeneuve, ancien ministre de l’Intérieur et des cultes, délivrant une leçon de républicanisme ferme et tolérant.
Avec eux, des radicaux, dont Guillaume Lacroix, tribun héritier de Clemenceau et Mendès, rappelant leur attachement à une gauche de l’universalisme, des communistes décidés à reconquérir les classes populaires sur la ligne de Fabien Roussel, des écologistes en pointe dans la lutte pour la campagne préservée et vent debout contre les autoroutes bétonnantes, Aurore Lalucq, députée européenne experte en fiscalité juste, Michaël Delafosse, socialiste apôtre de la gratuité des transports urbains qui change sa ville de Montpellier, retrouvant ses amis Nicolas Mayer-Rossignol ou Hélène Geoffroy, ou encore Didier Leschi, avocat d’une immigration accueillie et maîtrisée.
Le tout couronné par un discours d’une Carole Delga, qui se dit, in petto, « et après tout, pourquoi pas moi ? », et par un cassoulet de Castelnaudary, le meilleur de la région, dit-on, c’est-à-dire le meilleur de France, et donc du monde. En un mot, une gauche en liberté, conviviale et convaincue, qui a attiré près de 2 000 personnes pour des agapes intellectuelles et des débats festifs, comme doivent l’être les banquets républicains de glorieuse mémoire.
Une gauche en liberté qui se manifeste aussi, aujourd’hui lundi : dans le même esprit, le Lab de la social-démocratie, cénacle d’une gauche du réel qui croit à l’idéal, dévoile son « programme fondamental », à la manière du SPD allemand, un programme qui contribuera, au fil du débat, à la formulation d’une doctrine d’aujourd’hui pour le socialisme en liberté, appuyée sur les valeurs de toujours, celle de la République, de l’écologie dans la justice et de l’émancipation dans la lucidité. Loin des miasmes qui empestent la NUPES sans cesse polluée par Jean-Luc Mélenchon, qui croit dominer la gauche et ne fait que la marginaliser.
Pour en savoir plus : Carole Delga, femme combattante