La gauche, oui, mais sans lui !

par Valérie Lecasble |  publié le 10/06/2024

Loin de Jean-Luc Mélenchon, la ligne sociale-démocrate, qui a battu La France Insoumise aux élections européennes, doit s’imposer pour les prochaines législatives

Le fondateur du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon vote pour l'élection du Parlement européen à Paris, le 9 juin 2024 - Photo ARNAUD FINISTRE / AFP

« Nous pensions avoir trois ans, nous avons trois semaines », regrette un député socialiste. Même pas le temps de fêter les quelques 30 % des voix remportées aux élections européennes, la recomposition annoncée est précipitée par la dissolution annoncée par Emmanuel Macron. Quel rassemblement pour la gauche aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet ?

Le député LFI François Ruffin dégaine le premier, en appelant la gauche à former un « Front Populaire ». Plus prudent dans un premier temps, Olivier Faure défend, lui, « un rassemblement utile », avant d’envisager, dans le sens de François Ruffin, sur France Inter un « Front populaire contre l’extrême-droite », sans en citer les membres. Tout en précisant que Raphaël Glucksmann prendra sa part à la campagne des élections législatives, mais sans en être le leader. Une déclaration en retrait de celle de Marine Le Pen qui a au contraire adoubé Jordan Bardella.

Toute la gauche, mais sans Jean-Luc Mélenchon, défend l’équipe sociale-démocrate qui a construit le programme et mené la campagne des élections européennes. Car avec lui, la rupture est consommée. Sur l’Ukraine, sur Gaza, et sur une bonne partie des questions nationales, les candidats se sont affrontés creusant un fossé symbolisé par le « Lâchez-moi les baskets » lancé par Raphaël Glucksmann à Manon Aubry.

Cette posture, ils en sont convaincus, recomposera la gauche. « Nous avons su créer une dynamique, nous saurons imposer notre leadership. En 2022, La France Insoumise était loin devant nous et nous sommes passés sous leurs fourches caudines. À leur tour à présent d’accepter le résultat des urnes », assène Stéphane Troussel qui préside le conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

Puisqu’à l’issue de la campagne menée par Raphaël Glucksmann avec le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure à ses côtés, la liste sociale-démocrate a gagné à gauche, à quatre points devant la liste de La France Insoumise, loin devant les Verts et le Parti Communiste, c’est, veulent croire les socialistes, dans cette configuration que la gauche ira aux élections.

Stéphane Troussel va plus loin et détaille : « Dans trois semaines, nous soutiendrons les députés sortants dans les 153 circonscriptions où la gauche est aujourd’hui présente quelle que soit leur tendance, car ils ont un avantage électoral certain. Mais dans les 424 circonscriptions où nous ne sommes pas aujourd’hui élus, nous discuterons à gauche avec ceux qui accepteront le rapport de forces créé par le résultat des élections européennes ».

Que restera-t-il dans tout cela du programme pro-européen mené par Raphaël Glucksmann ? « On va poursuivre la dynamique. Nous avons des candidats dans tous les territoires. Les réseaux du Parti socialiste et de Place Publique ont milité ensemble. Il faut un rassemblement, et ceux qui se reconnaissent dans le projet sont les bienvenus », assure un membre de Place Publique.

Ce projet se veut compatible avec les dissidents de La France Insoumise, tels François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière et tous les autres qui souhaiteront les suivre. Pas avec la « secte » qui entoure Jean-Luc Mélenchon alors que lui-même a appelé à un rassemblement au sein de la Nupes, pourtant moribonde depuis le 7 octobre avec son refus de reconnaître le Hamas comme organisation terroriste. A Olivier Faure désormais de prouver qu’il saura camper sur ses positions.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique