La « guerre d’hiver », une défaite russe

par Pierre Feydel |  publié le 15/03/2024

Les Finlandais en 1940 ont battu sévèrement l’Armée rouge qui les avait agressés. Une leçon stratégique et tactique

1939. La Russie attaque la Finlande. C’est la « guerre d’Hiver » pendant laquelle les « ghost troops », à skis, résistent à l’Armée rouge. © Hulton Deutsch

Le 30 novembre 1939, L’Armée rouge envahit la Finlande. Les clauses secrètes du pacte germano-soviétique, signé trois mois auparavant, incluaient ce pays dans la zone d’influence soviétique. Moscou avait tenté de négocier avec Helsinki pour récupérer quelques territoires. Ses prétentions étaient trop grandes. Les discussions ont échoué. Staline a choisi la force. 27 divisions, 630 000 hommes franchissent la frontière avec des centaines de chars et d’avions. En face, 180 000 soldats finnois, une soixantaine de vieux blindés, quelques avions, pas assez de munitions. Les Russes pensent gagner en dix jours.

Mais, les Finlandais ont des atouts : un chef, le maréchal Mannerheim, des forêts impénétrables, un peuple de paysans habitués au froid, chasseurs de loups, d’ours ou d’élans, fameux tireurs. L’Armée rouge ignore ce qui l’attend. Les éclaireurs-skieurs finlandais vêtus de tenues de camouflage blanches vont leur jouer de bien mauvais tours. En outre, la SDN a condamné l’agression. La Finlande bénéficie d’un fort soutien international. De nombreux volontaires étrangers sont venus combattre à ses côtés, surtout des Scandinaves.

Mannerheim, ancien officier de cavalerie du Tsar (le souverain russe est grand-duc de Finlande jusqu’à la Révolution) a combattu en Mandchourie et pendant la guerre de 14 contre les Allemands avec succès. Il concentre ses troupes, au sud et les fait reculer. Elles évitent les combats frontaux. Elles se déplacent vite sur leurs skis et avec leurs traineaux alors que les Soviétiques plus lourds, avec leur nombreux véhicules, se trainent sur la neige.

La tactique finlandaise est redoutable. C’est celle des « motti » (stères de bois, petits tas de bûches). Les colonnes russes, attaquées de flanc, sont tronçonnées. Chaque morceau est cerné, puis détruit. Les fantassins attaquent les chars au cocktail Molotov ou avec de lourdes grenades antichars. Les Finlandais détruisent systématiquement les cuisines roulantes soviétiques. Par – 40°, cela mine le moral russe. Celui des Finlandais est au plus haut.

À Suomusalmi, entre le 7 décembre et le 8 janvier, la 163e division de fusiliers de l’Armée rouge tente de prendre le port d’Oula. Mais elle échoue. La 44e division soviétique la rejoint, mais tombe dans un traquenard. Elle est anéantie selon la tactique du « motti ». Les Soviétiques perdent 23 000 hommes. Les Finlandais 800. Cette défaite illustre l’ampleur des pertes de l’Armée rouge.

Les Soviétiques sont épuisés. Mais le futur maréchal Timochenko a pris le commandement. Il concentre ses troupes au sud et enfonce la ligne Marnnerheim, la défense fortifiée finnoise. Les Finlandais décident alors de négocier. Les Russes aussi. En tout , ils auraient perdu plus de 300 000 hommes tués, blessés, disparus, dont 64 000 prisonniers. Les Finlandais comptent à peine 23 000 pertes…

Le Traité de Moscou signé en mars 1940 abandonne aux Soviétiques des territoires, dont la Carélie et la ville de Vyborg. Et lorsque l’Allemagne attaque l’Union soviétique, 14 mois plus tard, la Finlande se range à ses côtés pour les reconquérir.

Pierre Feydel

Journaliste et chronique Histoire