Lettre d’Algérie

publié le 05/04/2024

Économie en berne, politiques vieillissants, obsession anti-française, répression, vie culturelle atone… L’Algérie s’enfonce. Et sa jeunesse désespérée, fuit vers l’étranger

Les ruelles étroites du quartier historique de la Casbah d'Alger, quartier historique de la capitale algérienne inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO- Photo FETHI BELAID / AFP

« « Bénie soit l’hécatombe!

On doit à la pandémie du Covid l’arrêt du Hirak ( manifestations hebdomadaires qui ont lieu entre 2019 et 2021) , à la guerre en Ukraine l’augmentation du prix du baril et aux horreurs de massacre des gazaouis la damnation des aspirations à la liberté. L’heure est au lynchage verbal de tout ce qui s’apparente de près ou de loin à l’Occident colonialiste, droits de l’homme et démocratie compris. Les successeurs des dirigeants issus de la guerre d’indépendance sont déjà grabataires quand ils arrivent au pouvoir. Leur rituel simule une pâle copie d’un Boumediénisme… sans Boumediene. Un anachronisme déroutant !

Le code pénal a été étoffé de dispositions liberticides inédites. On a même osé dissoudre l’emblématique Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, dont le défunt fondateur Ali Yahia Abdenour, incarne la lutte pour les droits fondamentaux ! La presse algérienne, naguère saluée pour sa liberté de ton est aujourd’hui taillée en pièces. Silence et langue de bois ! Rapporteurs onusiens, parlement européen et ONG mettent périodiquement en évidence la répression et la violation des libertés : la dénonciation des velléités néocolonialistes est gauchement réitérée par le régime.

On est sur le pied de guerre avec le voisin marocain allié d’Israël, brouillés avec l’Espagne, le Mali, les Émirats et comme de coutume, de temps à autre, avec la France… Hormis les alliés traditionnels, le nouvel axe Turquie-Qatar-Iran est de plus en plus à l’affiche. Et, on en arrive à se demander pourquoi l’Arabie saoudite nous nargue ! Les francophones qui mobilisaient la diaspora algérienne, frange la plus active sur les réseaux sociaux lors du Hirak de 2019, sont assaillis d’injures. Les Ouled frança (fils de la France), sont livrés à la vindicte de l’islamo-nationalisme. Dans l’éternelle quête d’absolutisme, ce croisement dogmatique d’un nationalisme perverti et un islamisme à la turque, faute de réel mouvement politique, permet d’asseoir sa popularité sur le populisme.

La Issaba, « bande » déchue, invention de l’ex-vice-ministre de la Défense Gaied Salah, est devenue un fourre-tout idéal pour éliminer ses adversaires. L’opération, avait pour avantage de mettre en lumière un état de corruption endémique, elle a abouti à la paralysie du processus de décision. Le personnel administratif est sans cesse renouvelé pour inaction, le Président exhortant publiquement ses troupes à appliquer ses décisions, sans y parvenir.

« L’Algérie nouvelle », slogan du quinquennat du président Tebboune, s’achève sans réalisation notable. Initialement prévues, en décembre, à la fin de son mandat, les présidentielles sont avancées à début septembre. Cultivant le suspense sur sa candidature, il annonce sa visite en France… au lendemain des élections. Aussi, les salaires seraient doublés de même que le PIB… en deux ans ! Lui seul en connait la recette : les IDE ( Investissements Directs Étrangers ) sont au plus bas, le déficit budgétaire et inflation à des niveaux jamais atteints.

En attendant, le prix des lentilles et haricots est discuté en Conseil des ministres ! La vie culturelle, elle, est réduite à peau de chagrin et le marasme est général. Le largage en mer des jeunes harragas, boat people que recrachent les vagues sur les côtes européennes, se poursuit. Autre programme de la visite en France : comment récupérer nos clandestins ! »

Par dz@nonyme

(NB: pseudonyme choisi par l’auteur pour raison de sécurité)