La presse européenne face à la tentation populiste

par Malik Henni |  publié le 08/06/2024

Les élections européennes pourraient envoyer le plus fort contingent d’élus d’extrême-droite au Parlement. La presse s’en inquiète, mais cherche surtout à dessiner l’Europe de demain

D.R

Dans le libéral Süddeutsche, ainsi que dans la plupart de la presse économique, on peut lire un éditorial qui souligne le danger que le nationalisme représente pour les États membres : « la prospérité et la sécurité en Europe ne continueront d’exister que si les États résistent à la tentation populiste ».

Dans le Flamman, le rédacteur en chef de ce mensuel socialiste suédois appelle à un sursaut : « il est temps d’arrêter de laisser les néolibéraux gagner sans broncher et de se battre pour une Europe rouge ». Et de pointer l’absence d’ambition entre les partis européens de gauche : « La crise a montré que le cadre réglementaire néolibéral de l’UE peut être démantelé. La question est de savoir pourquoi nous ne l’avons pas fait plus souvent. La réponse est que la gauche n’a pas essayé. »

Pour le média allemand en ligne SWR, cette élection permettra aussi de mesurer l’attachement des jeunes à la politique. En Allemagne, pour la première fois, les jeunes de 16 ans pourront se rendre aux urnes. Un avis qui ne fait pas l’unanimité, surtout à l’heure de la désinformation en ligne : « je pense que cela ne tient pas compte de leur manque de maturité et de leur capacité à être manipulés. » écrit un éditorialiste.

Au-delà des élections proprement dites, la presse cherche des pistes de réflexions sur l’avenir de l’UE.

Le libéral suédois Vestmanlands Läns Tidning se fait l’avocat d’une « force de police commune » pour l’UE. Dans un pays durement touché par le crime organisé transnational, cette question de sécurité brûlante a contribué à faire élire la coalition de droite et d’extrême-droite actuellement au pouvoir. Or, pour l’éditorialiste, le futur passe par la coopération : « Les libéraux souhaitent la création d’un FBI européen, d’une autorité européenne dotée de ressources et capable de rassembler les meilleures personnes pour écraser le crime organisé en Europe. »

Le polonais Rzeczposlita  pose la sempiternelle question de la légitimité de l’UE et de ses inévitables réformes internes. Le PiS récemment battu par la coalition de Donald Tusk s’oppose systématiquement à ce dernier, y compris sur la potentielle révision des traités. Le journal de centre-gauche constate cependant que le ministre des Affaires étrangères polonais, Radosław Sikorski, plaide dans le sens d’un meilleur respect des petites nations au sein du Conseil européen, qu’il accuse d’être trop facilement bloqué par l’Allemagne et la France : « le système actuel a été mis en place non pas pour être équitable, mais pour donner une position privilégiée aux plus grands pays. »

Malik Henni