La tournée du prince Rouge

par Malik Henni |  publié le 10/05/2024

La première visite d’État du président Xi Jinping en Europe depuis 2019 ne manque pas de faire réagir la presse – loin d’être unanime – sur la façon de l’accueillir

Le président chinois Xi Jinping (G) serre la main de son homologue hongrois Tamas Sulyok au palais présidentiel de Budapest, en Hongrie, le 9 mai 2024- Photo Noemi BRUZAK

La présidente de la Commission Von der Leyen, invitée par E. Macron, n’a pas mâché ses mots et a rappelé que les deux géants économiques avaient des différents commerciaux cruciaux. L’allemand Tageschau cite : « Von der Leyen a exhorté la Chine à s’abstenir d’“inonder” le marché européen de biens subventionnés par l’État».

Le think tank américain Brookings revient sur la politique chinoise d’E. Macron qui a toujours « voulu transformer les relations de son pays avec la Chine ». Mais la guerre en Ukraine a rendu plus difficile le maintien de bonnes relations : « Macron ne veut pas renoncer à convaincre Xi d’en faire moins avec Poutine, mais rien n’indique que Xi le fera. Le reste de la tournée européenne de Xi ne laisse entrevoir aucune inclination pour un tel compromis ni aucune volonté plus grande de limiter l’action de la Russie. »

Mais la presse s’attarde surtout sur les alliés de Pékin en Europe, à savoir la Hongrie d’Orban et la Serbie de Vucic. Les médias (El Pais, Japan Times…) notent tous que, hasard de calendrier, Xi a commémoré à Belgrade le bombardement (officiellement involontaire) de l’ambassade de Chine par l’OTAN en 1999. Les liens économiques entre le petit pays des Balkans proche de Moscou et la seconde économie mondiale sont forts : « La Chine a investi des milliards en Serbie dans le secteur minier, l’industrie et le chemin de fer entre Belgrade et Budapest » et un accord de libre -échange a été signé l’an dernier.

The Japan Times, s’inquiète de l’écho que trouve le concurrent chinois auprès de ces pays d’Europe centrale : « Budapest contribue à maintenir le droit de veto de la Chine contre les initiatives de l’UE qui vont à l’encontre des intérêts de Pékin, telles que les plaintes relatives aux droits de l’homme, les sanctions ou les restrictions technologiques ».

Pour le Guardian, anglophone, « la Hongrie a déroulé le tapis rouge » au leader communiste tandis que le New York Times note que la Chine est mal vue en Europe centrale : « Même en Hongrie, seulement 26 % des personnes interrogées ont une opinion positive de M. Xi, contre 39 % qui ont une opinion négative ».

Le mot de la fin revient au média hongrois très proche du pouvoir Magyar Nemzet, fait la promotion du pharaonique projet des Nouvelles Routes de la Soie proposée par Pékin et critique l’alignement des Européens avec Washington. Le contexte international l’obligerait : « Et si, après avoir perdu la relation russe, nous abandonnions la relation chinoise, nous passerions en une génération du statut de terre promise à celui d’Union du chaos et de l’appauvrissement ».

Malik Henni