La tragédie française selon FOG
Troisième tome des mémoires de Franz-Olivier Giesbert, « Tragédie française » dépeint une France moribonde et des présidents impuissants depuis Mitterrand. Une vision bien pessimiste
Après avoir raconté la « renaissance » nationale suite au retour du Général de Gaulle et la bonne gestion du pays par ses successeurs Pompidou et Giscard, Franz-Olivier Giesbert achève sa trilogie politico-personnelle en partant du postulat que tout part à vau-l’eau depuis l’élection de François Mitterrand en 1981.
Construit sur le même modèle que les précédents tomes, Franz-Olivier Giesbert mélange des faits politiques, des anecdotes et des digressions personnelles . Pour lui la France est incontestablement sur la mauvaise pente depuis quarante ans par la faute de sept « démolisseurs » : Mitterrand, Chirac, Balladur, Jospin, Sarkozy, Hollande et Macron. Globalement, c’est tout le personnel politique qui est condamné par l’ancien du Figaro. À ceci près qu’il condamne les hommes politiques, pas les hommes privés, pour lesquels il a une vraie affection.
Le « déclin » commence le 10 mai 1981. Selon lui, Mitterrand et les socialistes ont tout raté avec leur programme « irréaliste ». Le président Mitterrand, assoiffé de pouvoir, a pêché par cynisme. Chirac est arrivé épuisé et trahi au sommet et n’avait plus l’énergie de tout bousculer. FOG a détesté Sarkozy lorsqu’il était en poste, jugeant qu’il dégradait sa fonction. Le président Hollande l’a déçu puisqu’il attendait de lui des changements majeurs qui ne sont pas arrivés. Même s’il note que sa politique étrangère fut une des meilleures. Il se dit de… « drauche », un néologisme qui lui permet d’avoir un côté à droite et à gauche, mais, pourtant, il exècre le président actuel qu’il juge coupable de légèreté et de n’avoir pas d’idées. Emmanuel Macron est successivement qualifié de « prince de l’évitement », de « président Narcisse », au « tempérament égocrate », « court-termiste » et, « destructuré », « discontinu ». Bref….
Le polémiste n’oublie pas les personnages secondaires importants tels que Jospin, le socialiste surnommé gentiment « Attila de la gauche » et dépeint comme un éternel trotskiste qui n’a jamais abjuré, Laurent Fabius est vu comme « le Coucou magnifique », Martine Aubry est « trop méchante pour réussir » selon le bon mot de Mitterrand. Balladur est moqué comme un aristocrate qui s’y voyait déjà, Villepin comme un homme qui s’aime énormément, plus trouble qu’on ne le pensait. Les seuls qui semblent – ,relativement – échapper à la critique sont socialistes : Mauroy et Rocard pour lesquels il garde une vraie admiration.
Le livre peut souffrir d’être trop critique envers ceux qui étaient aux manettes sachant qu’il est bien plus simple d’observer. Cependant, ce qui en fait le charme est la connaissance profonde de tous les acteurs de ce « drame » français , tant pour les élus que pour les médias. Une histoire enlevée et teintée d’humour. Pour les amoureux de la politique et de ses coulisses.
A lire : Histoire intime de la Vᵉ République. Tragédie française. Editions Gallimard. 2023