La vérité selon Mathilde Panot
Pour la députée LFI, Israël est coupable du bombardement meurtrier de l’hôpital Al Ahli à Gaza. Tant pis si les indices matériels vont dans l’autres sens…
L’étrange rapport de la France insoumise avec les faits s’est une nouvelle fois manifesté jeudi matin. Invitée dans la matinale de France Inter, l’inénarrable Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI à l’Assemblée, donne sa version de l’explosion qui a touché un hôpital de Gaza deux jours plus tôt. « La version (d’une frappe) de l’armée israélienne reste la plus crédible », assène-t-elle d’un ton sans réplique. D’où lui vient cette information ? Elle se garde bien de le dire. « La preuve », dit-elle, c’est que « le gouvernement israélien a déjà menti à plusieurs reprises et dans les guerres généralement, les armées mentent ». Un esprit un tant soit peu logique lui objectera que si « les armées mentent », celle du Hamas peut elle aussi travestir la vérité. Une idée qui n’a de toute évidence par traversé son esprit.
Le même contradicteur de bon sens remarquera aussi qu’un mensonge passé – celui de l’armée israélienne en l’occurrence – peut constituer un indice de mauvaise foi et générer la méfiance, mais certainement pas servir de « preuve ». Mais pourquoi s’embarrasser de la logique ? LFI ayant décidé qu’Israël était coupable de cette explosion, ce qui cadre avec sa rhétorique générale, la réalité doit s’y plier.
Très léger problème : au moment même où madame Panot parlait, une ribambelle d’experts et de journalistes se penchaient sur les éléments factuels qui pouvaient éclairer mieux l’affaire : les images de l’état de l’hôpital avant et après l’impact, les vidéos tournées de plusieurs angles, notamment par la chaîne de télévision Al Jazeera, peu suspecte de complaisance envers Israël. Leur conclusion, rapportée par exemple dans un article de service Checknews de Libération, est unanime : le projectile meurtrier est tombé sur le parking de l’hôpital, il semble provenir d’un tir de roquettes effectué, non du côté israélien, mais de l’intérieur de Gaza.
La certitude n’est pas totale et tous restent prudents, mais l’hypothèse la plus vraisemblable est celle-ci : une roquette ayant mal fonctionné ou bien ayant été interceptée, est tombée à proximité de l’entrée de l’hôpital, causant des dizaines de morts et de blessés (et non des centaines, comme le disait le communiqué initial du Hamas). Autrement dit, la thèse avancée par ces analystes de divers pays et de divers médias, est à l’exact opposé de celle de Mathilde Panot : la version la plus crédible à ce jour, c’est celle d’un tir raté provenant de Gaza et non d’Israël.
Ainsi, au moment où la tension autour des événements de Gaza est la plus forte, où toute information est susceptible de provoquer des réactions virulentes en France (elles se sont déjà produites dans le monde arabe, avec de grandes manifestations en Égypte, en Algérie, en Jordanie ou au Maroc), la présidente d’un des principaux groupes parlementaires français parle sans savoir, pour conclure de manière aussi péremptoire qu’incertaine à la culpabilité d’une des parties, alors que les éléments connus vont plutôt dans l’autre sens. Ce qui conduit le même contradicteur de bon sens à cette remarque : Mathilde Panot est une femme politique ignorante, dogmatique et irresponsable.