Laïcité, la mal-aimée de l’école

par Boris Enet |  publié le 19/04/2024

Les partisans de l’islamisme continuent à mener une offensive concertée. Et la laïcité peine à être défendue. Pourquoi ?

Depuis la rentree scolaire 2023 une note de service du ministre de l Education nationale interdit le port de l abaya et du kamis dans les etablissements scolaires. - Photo Sebastien Di Silvestro / Hans Lucas

Les académies forment des équipes « Valeurs de la République », le ministère publie un « vademecum » laïcité à l’école, rien n’y fait. Sa charte, affichée dans les classes, ressemble aux cartes de géographie physique d’antan, attirant la poussière et le désintérêt des élèves.

Son article 6 prône une protection de « tout prosélytisme et de toute pression empêchant » les élèves « de faire leurs propres choix ». Ce texte apparaît pourtant au mieux comme une épreuve, au pire comme une entrave à la liberté individuelle. Un comble ! Contre-sens manifeste que l’on doit d’abord à l’assoupissement collectif à mesure que l’islam politique prospérait. Les enseignants de gauche « laïcards » et militants ont su dompter le catholicisme le plus rétrograde. Ils n’imaginaient pas que d’autres entreprises passéistes, voire totalitaires, prendraient le relais de cette façon. Par culpabilisation coloniale et tiers-mondisme mal digéré, face à ce qui s’installe comme une évidence soudaine, le milieu enseignant comme toute la société a failli avant un réveil brutal.

Les enseignants, les personnels de vie scolaire, rechignent à transmettre une laïcité « old school », comme si son application prêtait à interprétation. Ils ignorent la circulaire de Jean Zay ministre de l’Éducation nationale du Front populaire excluant « toute forme de prosélytisme dans les établissements ».  Directive devant être appliquée avec une application « ferme et bienveillante ».  Ils en discutent le fondement, rejettent une prétendue « laïcité de séparation », et se reconnaissent dans un modèle nord-américain qui n’est le produit ni de nos principes républicains et ni de l’héritage des gauches depuis 1789.

Ce faisant, ils servent, parfois inconsciemment, de marchepied aux partisans de l’islamisme qui mènent une offensive concertée : exigence de piscines non mixtes, refus d’éducation à la sexualité, remise en cause de l’enseignement en sciences et vie de la terre, en histoire… jusqu’à la musique et la danse qui sont contestées.

Défi supplémentaire donc pour l’école de la République, former une génération de jeunes professeurs à la laïcité. À l’instar de Ferdinand Buisson, iconique directeur de l’Enseignement primaire sous Jule Ferry formant les hussards noirs de la République. Une mission trop souvent dévolue aux seuls enseignants d’histoire et de l’éducation morale et civique. Qui plus est le « djihadisme d’atmosphère » sévit. Il impressionne, menace et assassine. Les meurtres de Samuel Patty et Dominique Bernard ont sidéré les enseignants, les laissant dans une état de stupeur impuissante. I

l faut « rééduquer » les 1 M 300 000 fonctionnaires de l’Éducation nationale. La sauvegarde de la laïcité est une priorité démocratique.  Sauf à considérer que le premier article de la Constitution puisse-t-être ignoré des générations montantes : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale »

Boris Enet