L’ambition de Boris Vallaud
Entre Olivier Faure et ses opposants, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale se voit en arbitre pour rassembler.

Olivier Faure restera-t-il Premier secrétaire du Parti socialiste ? Qui sinon pour le remplacer ? Le coup d’envoi à la grande messe du Congrès est donné samedi 5 avril à 14 h à La Fabrique République dans le 10ème arrondissement de Paris, où tous les représentants nationaux du PS (conseil, bureau, secrétariat, instances et parlementaires) ont rendez-vous au grand complet pour examiner les contributions qui auront été déposées le matin même à 9 h auprès de la commission nationale.
Les représentants des trois courants, dont Patrick Mennucci (TO1), Pierre Jouvet (TO2) et David Assouline (TO3), auront entre-temps validé la conformité des textes et surtout la réalité de leurs parrainages, clé pour concourir. Il en faut quinze pour déposer une contribution, puis trente pour prendre la tête d’une motion qui sera soumise au vote des adhérents. Seule celle qui arrivera en tête affrontera Olivier Faure pour tenter de le renverser.
De laquelle s’agira-t-il ? La course de petits chevaux est lancée. Cette première phase de contributions a pour ambition de décrire leur stratégie politique. Deux lignes s’affrontent. Celle d’Olivier Faure (TO2) qui prône depuis longtemps l’union de la gauche quitte à se rapprocher de LFI s’il le faut, voire à se mettre sous sa coupe, même s’il affirme sans trop convaincre qu’il s’en est enfin éloigné. Il envisage, hormis Jean-Luc Mélenchon, un seul candidat commun de la gauche à l’élection présidentielle, même s’il était non-socialiste au cas où la primaire désignerait plutôt un écologiste ou un communiste. Pas éloignée, la contribution dite de Seine-Saint Denis de Pascal Cherki rassemble les nouveaux frondeurs, dissidents de la non-censure du gouvernement Bayrou.
En face, Hélène Geoffroy (TO1) et Nicolas-Mayer Rossignol (TO3), les deux opposants historiques à Olivier Faure, vont fusionner pour partir unis à la bataille. Ils auront le soutien de la contribution de Philippe Brun et Jérôme Guedj dans la volonté d’ériger un mur entre Jean-Luc Mélenchon et le reste de la gauche. Ils ne transigeront pas non plus avec la nécessité d’avoir un candidat socialiste à l’élection présidentielle.
Que sortira-t-il de ce foisonnement ? Les calculs se font aujourd’hui au doigt mouillé mais Olivier Faure pèserait 30 à 35 % des votes ; ses deux opposants Hélène Geoffroy (20%) et Nicolas Mayer-Rossignol (30%), environ 50% ; rejoints par Philippe Brun 5%. 35% face à 55% ? Il est temps de sortir du jeu avec les honneurs, aurait lancé en substance François Hollande à Olivier Faure qu’il souhaite dégager, lors de leur récente rencontre au Café Concorde.
Même disqualifié sur le papier, le Premier secrétaire ne s’avoue pas vaincu. Car demeure l’inconnue de son ex-ami, Boris Vallaud, issu du même courant (ex-TO2), évalué à 15 %, qui le défie désormais dans sa course à la tête du PS. Vallaud se positionne, lui, comme le juge de paix, le seul à refuser d’entrer dans la guerre des chefs à plumes et capable de rassembler tous les militants. Il veut, dit-il dans sa contribution, « unir le socialisme du pouvoir et celui de la lutte », avec la « réconciliation » comme moyen de l’unité, préalable de la conquête du pouvoir. Il affirme qu’il faudra battre le RN dès le premier tour de l’élection présidentielle grâce à un candidat socialiste capable de tendre la main à toute la gauche sauf Jean-Luc Mélenchon.
Seul sur son Aventin, le président du groupe socialiste à l’Assemblée plante son drapeau. Il a refusé de rencontrer Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol quand ils l’ont sollicité via Karim Bouamrane pour discuter d’une stratégie anti-Olivier Faure dont il ne souhaite pas couper la tête. Il écrit bien, parle haut, se pense au-dessus de la mêlée, et veut incarner un socialisme uni et moderne, qui ne passe pas de compromis avec les vieilles gardes du parti.
Parviendra-t-il à réunir les trente parrainages nécessaires à la constitution d’une motion, alors que chaque courant a verrouillé les siens et qu’il n’appartient plus à aucun d’entre eux ?
S’il y arrivait, il solliciterait le vote des militants. Pour choisir Faure ou bien ses opposants ? Dilemme qu’il résout en affirmant qu’il va gagner…