Le chantier inachevé

par LeJournal |  publié le 11/06/2023

Le Gouvernement a dévoilé une série de mesures d’urgence et les chantiers prioritaires pour résoudre la crise du logement en France. Décryptage

France, Paris, immeuble de la capitale- Photo Lilian Cazabet / Hans Lucas

Le diagnostic est simple : l’effondrement de la production globale de logements et de logements sociaux est structurel. Il n’est pas seulement lié à la hausse des coûts de construction et des taux d’intérêt. L’accession à la propriété devient impossible pour les jeunes et les plus modestes. Les demandes de location adressées aux bailleurs sociaux ou aux propriétaires privés enflent sans commune mesure avec l’offre disponible.

En quelques années, le logement est devenu le premier poste de dépenses des ménages. Près de 4 millions de personnes sont désormais mal-logées et sans perspective. Constat inquiétant s’il en est : 12 millions de nos concitoyens sont en situation de grande fragilité en matière de logement, et plus particulièrement de précarité énergétique. Que faire ?

Les rapports s’enchaînent et se ressemblent. Certes, les co-animateurs du CNR Logement reconnaissent le succès de la concertation qu’ils ont animée pendant six mois. Elle aura permis de réunir les 200 acteurs les plus compétents en matière de logement, de partager plus de 700 propositions et de trouver des compromis sur des sujets aussi polémiques que l’encadrement des prix de vente du foncier. Reste une inquiétude, sérieuse.

Que prévoit le gouvernement ? Quelle suite sera donnée par le Secrétariat général en charge de la planification écologique pour accélérer la rénovation énergétique globale de plus de 5 millions de passoires thermiques ? À quel prix pour le logement social et pour les classes populaires alors que l’heure est à la réduction de la dépense publique ? Quel sens sera donné in fine au projet de refondation des politiques de logement pour notre pays ?

Le logement constitue le point cardinal de tous les besoins sociaux (vieillissement de la population, santé, emploi, éducation…). Face à ces questions complexes, Emmanuel Macron a répondu en une phrase (Challenges, 11 mai) : il faut un double choc de simplification et réduction des délais pour permettre une production plus rapide de logements et engager une baisse des prix qui facilitera l’accès à la propriété.

La méthode du Président se confirme : écouter et réunir pour mieux justifier une refondation en cercle restreint et manier le flou pour les décisions difficiles à avaler. Mais les acteurs associatifs et les partenaires sociaux ne lâcheront pas. Ils affichent une volonté de faire bloc, notamment dans le cadre du « Pacte du Pouvoir de Vivre ».

Objectif : les projets de loi de finances, 2024, 2025, 2026, 2027. Ensuite ?
La démocratie sociale n’est pas un long fleuve tranquille.

LeJournal