Le cinquième quinquennat Macron
En raison d’événements extérieurs ou par sa propre faute, le président mène la France de crise en crise.
Chacun disserte, depuis l’allocution présidentielle, sur les heurs et malheurs du second quinquennat Macron. C’est fort légitime, à une nuance près, nous en sommes plutôt, avec l’annonce de ces « cent jours d’apaisement » voués à la réforme, au cinquième des mandats présidentiels.
Le temps politique ne coïncide pas toujours avec le calendrier électoral. Élu en 2017, le président a d’abord déclenché la crise des gilets jaunes, qui l’a obligé à ouvrir un « grand débat » et à annoncer qu’il ouvrait un nouveau chapitre de son action.
À peine sorti de ce piège, il a dû affronter la pandémie de Covid, dont il n’est en rien responsable et qu’il a plutôt bien gérée, avec en fin de séquence l’irruption de la guerre d’Ukraine, accompagnée de menaces énergétiques, ce qui a encore coupé son élan réformateur.
Il s’est ensuite relancé en parvenant à se faire réélire avec un bon score, mais il a aussitôt replongé dans l’impuissance en perdant à moitié les législatives puis en déclenchant une crise nationale à cause d’une réforme dont personne ne veut, ou presque. C’est ce qu’on appelle une carrière hachée…
Si bien qu’au bout du compte, le bilan des changements impulsés par l’Élysée s’amincit au fil du temps et le redressement du pays piétine. Macron, dans son livre de campagne, promettait une « Révolution » ; il a toutes les peines du monde à produire quelques réformes. Manque de chance à coup sûr. Il ne pouvait pas prévoir les méfaits d’un virus ou ceux d’un dictateur.
Mais c’est aussi l’échec d’une méthode, celle de la présidence hautaine et brusque qu’on connaît.
D’autant qu’un nouveau danger plane sur ce cinquième quinquennat : encore plus raidie qu’auparavant, l’opposition est capable, en coagulant les voix de la gauche, de la droite et du RN, de voter une motion de censure. Ce n’est pas son intérêt, ni celui du pays : entre gauche et extrême-droite, aucune majorité de rechange n’est possible pour gouverner.
Mais dans un pays amer, dépité, en dissidence, tout est possible. Alors, au dixième des cent jours annoncés, on entrerait dans le sixième quinquennat Macron