Le combat existentiel de Marine Le Pen

par Valérie Lecasble |  publié le 20/05/2024

À force de se dissimuler derrière Jordan Bardella, on aurait pu l’oublier. 

Meeting du Rassemblement national dirigé par Jordan Bardella et Marine Le Pen tient son meeting à Perpignan, la ville natale de Louis Aliot, le maire RN de la ville - Photo Jc Milhet / Hans Lucas

Qu’importe si le Rassemblement national appartient au Parlement européen au groupe Identité et démocratie (ID), et si l’invitation a été lancée par le parti espagnol nationaliste Vox, intégré au groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (CRE) : Marine Le Pen ne voulait pas rater le rendez-vous fixé à Madrid les 17-18 et 19 mai pour le grand meeting de Viva 24, en vue des élections européennes du 9 juin. Heureuse de retrouver là ses amis.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, ont envoyé une vidéo. Le président argentin, Javier Milei, a fait le déplacement et s’est livré à une attaque en règle contre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, taxé tout à la fois de socialisme, wokisme et globalisme, avant d’accuser sa femme, soupçonnée de possible trafic d’influence, d’être une… « corrompue ». Un meeting qui a permis aux participants, complétés par le portugais André Venture, membre d’ID, l’ancien chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki, et le candidat espagnol de Vox, Jorge Boxadé, de se livrer à une démonstration de force.

Aréopage

Devant cet aréopage de participants souverainistes et d’extrême-droite se revendiquant comme « patriotes européens », Marine Le Pen a attaqué le duo formé selon elle par Emmanuel Macron et Ursula Von der Leyen, qu’elle accuse de « vouloir entraîner notre continent dans une quasi-fusion européenne, une marche forcée vers un super-État européen centralisé ». Objectif : trouver des alliés pour consolider le 9 juin à Strasbourg la victoire annoncée du RN en France, mais aussi pour se remettre sur le devant de la scène. Elle en été éclipsée depuis la rentrée de septembre 2023 par la popularité du candidat aux Européennes, Jordan Bardella. Madrid ? Elle justifie : « Je les connais depuis longtemps, Jordan ne peut pas tout faire ».

Même si Marine Le Pen répète volontiers qu’elle choisirait Jordan Bardella comme Premier ministre, elle ne peut occulter les embûches possibles à ce scénario et sait qu’elle risque l’inéligibilité avec l’ouverture, le 30 septembre prochain, de son procès pour détournement de fonds. Au même moment, son poulain aura sans doute emporté les élections européennes.

Marine Le Pen entend que l’on s’intéresse aussi à elle. Début mai, alors qu’elle se tenait jusqu’ici à l’écart des médias, elle est allée répondre aux questions dans la matinale de BFMTV, puis a participé le 16 mai à « l’Évènement » sur France 2, où elle a opéré une volte-face spectaculaire en réclamant l’apaisement dans la crise en Nouvelle-Calédonie. Façon de rappeler à son poulain qu’il ne gagnera pas tout seul les élections européennes.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique