Le combat universel des Iraniennes
Soutenues par tout un peuple, les femmes qui refusent l’imbécile tyrannie des mollahs sont à l’avant-garde du combat mondial pour la liberté
Le crime était majeur : malgré le voile censé la dissimuler, la chevelure de Mahsa Amini avait choisi la liberté, comme un insupportable défi au régime iranien. Le 16 septembre 2022, la jeune femme est arrêtée par la police des mœurs ; trois jours plus tard, on annonce sa mort, causée par des coups à la tête. Aussitôt, ce crime né d’une bêtise à front de mollah, déclenche la révolte de tout un peuple. Depuis un an, emmenée par des femmes héroïques, cette rébellion ébranle le pouvoir obscurantiste qui tient l’Iran sous sa botte. L’intrépidité des rebelles, leur courage insigne, n’a d’égale que la férocité de la répression, avec son cortège de tortures, d’emprisonnements arbitraires et d’exécutions.
Pour le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, la police iranienne a arrêté préventivement les familles des femmes tuées ou emprisonnées, les manifestants qui avaient déjà protesté et tous ceux qu’elle juge susceptibles de commémorer le sinistre anniversaire. Et pourtant la flamme de l’émancipation ne s’est pas éteinte. Cette insurrection de l’audace et de la liberté mérite le soutien ardent de tous ceux qui, à travers le monde, placent la liberté des femmes au-dessus des dogmes soi-disant révélés.
Ce régime qui s’attaque prioritairement aux femmes n’est pas seulement une dictature cruelle, dirigée par des fanatiques corrompus, de surcroît incapables de gérer l’économie. Il ne prétend pas seulement monopoliser l’État et assurer son pouvoir par la répression. Armé d’une lecture archaïque du Coran, il veut aussi contrôler les corps et les âmes jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne. En ce sens, c’est une tyrannie théocratique, c’est-à-dire un totalitarisme au nom de Dieu. Il est à l’avant-garde de la coalition grimaçante de tous ceux qui estiment que les droits humains doivent s’effacer devant la tradition, que l’identité doit l’emporter sur la liberté, et dont l’influence ne cesse de croître à travers le monde, y compris au sein des démocraties et bien au-delà de l’intégrisme musulman.
Ces rappels élémentaires rendent d’autant plus incompréhensible la collusion plus ou moins avouée de certains courants politiques avec les partisans des mêmes conceptions théocratiques en France. Le fondamentalisme, l’intégrisme, l’islamisme, sont les cousins en doctrine du régime des mollahs. Leur but n’est pas de défendre les croyants, mais de leur imposer, au bout du compte, la même tyrannie que le régime de Téhéran inflige aux Iraniennes et aux Iraniens. Comment peut-on, au nom d’une fausse défense des minorités, leur prêter le moindre crédit progressiste ?
Au nom d’un sophisme dangereux, certains militants mettent sur le même plan l’interdiction du voile dans l’école française et l’obligation de le porter en Iran. Alors que la première a pour objet de tenir la religion à l’écart de l’enseignement, précaution utile, et la seconde de l’imposer à coups d’emprisonnements et d’exécutions sommaires à toutes les femmes. Puisse cette évidence ouvrir les yeux de ces militants égarés : projet fou des islamistes de toutes obédiences, la dictature religieuse est l’une des pires qu’on puisse imaginer.