Le complotisme version LFI
Chaque week-end, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond ? L’essentiel
Lundi : les cancres au pouvoir
Avec un électorat composé avant tout de cadres et de membres des classes moyennes, dirigé par des responsables ultra-diplômés, dotés d’un discours qui place la compétence au firmament des valeurs politiques, la macronie s’aperçoit qu’elle a géré les finances du pays en dépit du bon sens, à la manière d’une joyeuse bande de paniers percés. Un mois après avoir fait voter la loi de finances, elle découvre que le déficit excède toutes ses prévisions et bat le record d’Europe, qu’elle doit trouver en panique dix milliards pour boucler son budget et annonce maintenant qu’il faut d’urgence dégager d’autres économies pour éviter la sanction des agences de notation. On dénonce parfois le « pouvoir des sachants ». Erreur : voici le gouvernement des cancres.
Mardi – Proviseur dans le viseur
Pour avoir demandé à trois jeunes filles de respecter la loi, le proviseur du lycée Ravel à Paris a été calomnié, vilipendé sur les réseaux et menacé de mort. Il a fini par jeter l’éponge et demander sa mise en retrait. Incroyable situation où l’école de la République doit reculer devant l’offensive obscurantiste. Le gouvernement s’est mobilisé – il était temps – mais la gauche a protesté sans plus, tandis que LFI, par la voix de la députée du coin Danielle Simonnet, mettait en doute la réalité du scandale. Quand cette gauche abusée par le dogme décolonial comprendra-t-elle que l’islamisme est l’ennemi de toutes ses valeurs et que c’est protéger les musulmans que de lutter contre lui ?
Mercredi – Sus aux chômeurs
Ils ne sont guère organisés, ils sont en situation de faiblesse sociale, ils ne peuvent par définition pas faire grève : les chômeurs sont les victimes idéales des mesures d’économies que projette le gouvernement. Gabriel Attal, qui n’a jamais été salarié de sa vie et encore moins chômeur, enrobe le tout en suggérant que les sans-emplois le sont volontairement. Des paresseux, en somme… Même la droite la plus rance avait cessé de recourir à ce genre de considération méprisante.
Jeudi – Chikirou : « Crosses en l’air ! »
Message de la députée LFI Sophia Chiquirou sur le réseau X pour dénoncer une annonce diffusée par l’armée française : « Qui est prêt à aller sur le front pour 1970 euros bruts par mois ? (…) L’État créé des emplois avec la guerre. Citoyens français : n’allez pas mourir pour des industriels ! Refusez la guerre ! Ne répondez pas ! » Complotisme pur et simple, fréquent à LFI. Il ne s’agit en rien d’aller au front, et cela n’a pas de rapport avec la guerre d’Ukraine. En fait, il s’agit d’une annonce banale de l’armée française, qui lance des campagnes régulières de recrutement pour compléter ses effectifs. Le salaire proposé en atteste : en cas d’opération extérieure, il est doublé. Pas grave : tout est bon pour faire peur et aider Poutine.
Vendredi – Remarquable découverte des analystes politiques.
Avec une admirable sagacité, commentateurs et sondeurs commencent à admettre ce que nous écrivons depuis des lustres : il existe un espace politique béant entre Mélenchon et Macron, que Raphaël Glucksmann incarne dans ce début de campagne européenne, d’où sa percée dans les enquêtes. Une étude de la Fondation Jean-Jaurès vient d’en analyser les causes, confirmant ce que nous clamions jusqu’à maintenant dans le désert. Avec une audace inouïe, certains avancent même l’idée que la social-démocratie, dont ils avaient dressé avec une péremptoire certitude l’acte de décès, pourrait bien retrouver son audience, entre une macronie droitisée et un mélenchonisme égaré par sa complaisance envers Poutine et le Hamas. Tout arrive à qui sait attendre…