Le Front populaire antisémite ?

par LeJournal |  publié le 16/06/2024

Les dérapages et les outrances de LFI obligent à poser cette question lapidaire sur la nouvelle alliance de gauche. Éléments de réponse…

Laurent Joffrin

Toujours le dilemme… Quelque fidélité qu’ils aient à la gauche et à l’union, une bonne partie des électeurs de Raphaël Glucksmann résistent à l’idée de voter pour le Nouveau Front populaire. La cause ? Les préventions qu’ils éprouvent envers LFI, en raison, notamment, des soupçons d’antisémitisme qui pèsent sur cette formation radicale. Quand Jean-Luc Mélenchon juge l’antisémitisme « résiduel » au moment où il explose en France, quand il sanctionne Garrido ou Corbière pour avoir, entres autres méfaits, participé à une manifestation contre le même antisémitisme (dixit Clémentine Autain, qui connaît LFI de l’intérieur), quand il investit des candidats éminemment louches dans ce domaine, quand il fait élire au Parlement européen Rima Hassan, antisémite notoire, qui considère que le gouvernement français obéit aux ordres du CRIF, on a le droit de poser la question. Certains électeurs, au vrai, ont déjà fait leur choix : ils délaissent la gauche et se replient sur un vote Macron.

Mais d’autres seront sans doute sensibles à deux remarques. Croit-on, en premier lieu, que Lionel Jospin, François Hollande, Raphaël Glucksmann, Nicolas Mayer-Rossignol, Michaël Delafosse ou Carole Delga, soient des gens exaltés, irresponsables et complaisants avec l’antisémitisme ? Croit-on que la CGT ou la CFDT, qui soutiennent peu ou prou le Front populaire, soient des organisations suspectes dans ce domaine ? Croit-on que, sur la base du texte adopté par les partis de gauche, un éventuel gouvernement puisse être suspecté de la même dérive ? Croit-on enfin que ces forces de gauche non-LFI laisseraient faire en cas de dérapage de tel ou tel ?

De même, il se poseront cette question : est-ce vraiment Mélenchon qui domine le Front populaire, comme le répètent partout ses adversaires ? Plusieurs faits viennent au rebours de cette accusation : Quattenens, soutenu par LFI, a été contraint de se retirer ; les mélenchonistes ont signé un texte qui est éloigné de leurs position initiales, en tout cas sur les points les plus sensibles, et notamment sur le Proche-Orient et l’antisémitisme. Il est clair, enfin, qu’en cas de victoire de la gauche – improbable au demeurant – Mélenchon ne sera pas Premier ministre. À partir de là, on a affaire à une coalition de gauche où la gauche radicale a une influence, sans doute excessive, mais où elle ne dirige pas.

Le rôle d’un journal n’étant pas de formuler des mots d’ordre, on s’arrêtera là. D’autant que nous sommes traversés des mêmes hésitations. Chacun jugera donc en conscience, mais en tenant compte de tous les faits…

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