Le jour où Sébastien Lecornu a failli devenir ministre de l’Éducation
Pour satisfaire ses allergies personnelles, Gabriel Attal a rebattu les cartes sans tenir des compétences réelles de chacun
Il y a eu ces derniers jours le moment surréaliste où Sébastien Lecornu a failli devenir ministre de l’Éducation nationale. L’ex-élu Républicain de l’Eure s’est imposé au ministère des Armées. Il a fait voter à l’Assemblée nationale, à une très large majorité, l’augmentation des crédits de la Loi de programmation militaire. II a été au cœur des négociations avec l’Égypte et le Qatar pour faire libérer les otages français capturés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Le nommer à l’Éducation nationale ? Étrange suggestion. D’autant que François Bayrou aspirait à devenir ministre de l’Éducation nationale. Il l’a déjà été, connaît bien la matière, est convaincu que c’est là que résident l’avenir et l’unité de son pays. Ses idées sont très arrêtées sur la façon de réformer l’Éducation nationale, le ciment qui ressouderait les Français.
Sauf que… c’est Gabriel Attal lui-même – que François Bayrou avait jugé trop vert pour devenir Premier ministre- qui s’est opposé à ce dessein. Terrible humiliation pour l’allié de la première heure d’Emmanuel Macron. D’autant que François Bayrou a dû traiter de son avenir avec le Premier ministre et non avec Emmanuel Macron, avec qui il revendique pourtant d’être en ligne directe.
Pendant cette entrevue tendue entre François Bayrou, 72 ans, et Gabriel Attal, 34 ans, ce dernier lui propose… le ministère des Armées ! Quelle idée ! Attal imagine même recaser Lecornu, qui n’y connaît rien, à l’Éducation nationale…
En réalité, le ministère des Armées est comme celui des Affaires étrangères, un domaine réservé du Chef de l’État, qui est aussi le Chef des Armées. Quelle meilleure façon pour Gabriel Attal d’exfiltrer hors de sa zone de responsabilité directe l’encombrant patron du Modem qu’il n’apprécie guère ! Il a opéré la même manœuvre avec Stéphane Séjourné, son ex-mari, nommé, lui, ministre des Affaires étrangères, dont le Premier ministre, est de notoriété publique, séparé depuis deux ans. Or, souffrant de dyslexie, Stéphane Séjourné peine lors de ses interventions publiques à éviter les fautes de français. Compliqué pour celui qui représente la France à l’étranger…
Ce remaniement, le plus long de la Vème République, a comporté de nombreuses considérations personnelles dans sa laborieuse élaboration. On comprend dès lors dans ces conditions, la frustration de François Bayrou. Et surtout, on s’interroge sur la compétence réelle des ministres finalement nommés à ce gouvernement.