Le lamentable bilan de Didier Raoult
La communauté médicale française dénonce la nouvelle étude du professeur de professeur de Marseille. Il apparaît que ses méthodes sont hautement douteuses et que ses remèdes ne valent pas tripette
Combien de temps cette baudruche nommée Raoult va-t-elle encore encombrer le paysage sanitaire ? Et quand ceux qui l’ont soutenu pour de louches motivations vont-ils rendre des comptes ? Rappelons l’histoire grotesque de ce mandarin à l’égo en forme de montgolfière, qui se présentait comme le plus grand scientifique de son domaine et se révèle, plus le temps passe, comme un illusionniste de la prescription, un Barnum de la pharmacie, un Hanouna de la médecine.
Au début de la pandémie de Covid, après quelques prophéties initiales et péremptoires sur l’innocuité du virus (quelque sept millions de morts dans le monde au bout de trois ans, tout de même…), Didier Raoult annonce qu’il a trouvé la pilule miracle, l’hydroxychloroquine.
Sur la base d’une étude de haute portée scientifique portant sur trente personnes sans groupe témoin, il prescrit massivement sa panacée aux malades de Marseille ébaudis par son bagout. Isolé dans la communauté médicale, il est défendu par une secte agressive qui menace ses contradicteurs, insulte les sceptiques et voue l’élite de la médecine aux gémonies.
L’affaire se politise : les raoultiens deviennent des rebelles héroïques martyrisés par « le système » et leurs détracteurs des agents de « Big Pharma », autrement dit des valets de l’establishment « coupé du peuple » et avide de profit. Une escouade de politiques en mal d’audience se rallie à son panache douteux et, par une extravagante aberration, le président de la République le cautionne en le gratifiant d’une visite personnelle et hautement médiatique.
Très vite, les doutes se font jour. Ses collègues de toute la France font part de leur scepticisme, aucune autre étude ne vient confirmer les résultats mirobolants des expériences raoultiennes, la plupart des autorités sanitaires de la planète s’abstiennent de suivre son exemple. Le gourou de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille n’en a cure, abreuvant de son mépris surdiplômé ces incroyants étouffés par le conformisme ou achetés par les grands laboratoires.
On lance des études sérieuses, on effectue des tests rigoureux, on interroge les autres professeurs : il apparaît, preuves à l’appui, que l’hydroxychloroquine, même plus ou moins mélangée à d’autres potions, ne produit aucun effet bénéfique.
L’OMS finit par rendre son verdict : « des recherches ont permis de démontrer avec certitude que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet significatif sur le risque de décès ou d’admission à l’hôpital, tandis que d’autres recherches ont montré que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet sur le nombre de cas de Covid-19 rapportés positifs confirmés par les laboratoires et qu’elle augmente probablement le risque d’effets indésirables ». Ce qui ne modifie pas d’un iota la morgue des zélotes de l’IHU de Marseille.
Et voici que pour se justifier, voyant qu’aucun grand pays n’a suivi ses recommandations, constatant que dans le monde entier les spécialistes se gaussent désormais de son remède, Raoult publie les premiers résultats d’une nouvelle étude, qui collationne les résultats obtenus sur quelque 30 000 personnes soignées à l’hydroxychloroquine.
Las ! Sa méthode, qui exclut toujours les groupes témoins sans lesquels on ne peut distinguer effet réel et effet placebo, est réfutée par la plupart de ses pairs. Et surtout, il apparaît, dans un texte au vitriol signé par les plus hautes sommités médicales, que cet essai clinique ne respecte pas les règles déontologiques qu’implique ce genre d’expérience sur des cobayes humains.
La vérité triviale apparaît alors dans sa simplicité : le roi de l’hydroxychloroquine est nu, ses recommandations ne valent pas tripette, sa rébellion publicitaire repose sur du vent et ses méthodes sont à la limite de la légalité. Entre-temps, il a été mis à la retraite et il doit faire face à diverses procédures corporatives ou judiciaires. Il est donc temps de dresser le bilan de cette affaire, qui a nourri le procès obscurantiste contre la science et la raison, galvanisé les antivax et creusé un peu plus le fossé entre les experts et la partie antisystème de la population. Pour faire court : il est désastreux et politiquement toxique.