Le PS reprend la tête de la gauche
Six mois après l’accord électoral du NFP, les socialistes ont réussi leur pari de se remettre au centre du jeu à gauche, suivis par les écologistes et les communistes. La réunion de tous les partis à l’Élysée en est la démonstration.
Oui, il fallait signer l’accord électoral du Nouveau Front Populaire après la dissolution du 9 juin dernier. Non, il n’y avait pas d’état d’âme à avoir. Oui, ceux qui se sont élevés contre le rapprochement de la carpe et du lapin c’est-à-dire des socialistes et des insoumis qui n’avaient guère d’idées en commun et ne partageaient pas grand-chose sauf le sentiment d’être de gauche, ont eu tort de ne pas comprendre que cet accord était indispensable pour remporter les élections législatives du 7 juillet.
Pas seulement parce qu’Emmanuel Macron n’avait pas vu venir cet obstacle décisif à son noir dessein de marginaliser la gauche avec la dissolution. Pas seulement non plus, comme trop de contempteurs l’ont affirmé, pour de simples calculs de boutiquiers, où les uns et les autres auraient été avant tout préoccupés de conserver leur poste de député. Mais parce que cette alliance du NFP a permis aux socialistes d’obtenir ce qu’ils voulaient : gagner un nombre suffisant de députés pour rééquilibrer les forces en leur faveur au sein de la gauche.
La réunion de tous les partis politiques à l’Élysée, en dehors des seuls Rassemblement National et de La France Insoumise, en est la démonstration. Qui a demandé cette réunion programmatique indispensable pour se mettre d’accord sur quelques projets structurants qui permettent de constituer un nouveau gouvernement ? Le Parti socialiste et lui seul qui a ensuite rallié à cette cause les écologistes et le Parti communiste, une prouesse que l’on aurait pu croire inatteignable il y a quelques mois encore tant les Verts semblaient accrochés à LFI comme une bernique à son rocher.
Comment cela a-t-il été possible ? Parce qu’avec ses 66 députés, le Parti socialiste est devenu incontournable, dès lors que le RN et LFI unissaient les leurs pour renverser le gouvernement. Paradoxalement, le vote des socialistes en faveur de la motion de censure a achevé de prouver que sans eux, aucun gouvernement ne pouvait tenir. Une démonstration qui les met au centre du jeu.
Voici donc le Parti Socialiste sur la voie de redevenir ce qu’il était : un parti leader, accompagné de ses deux alliés naturels, les écologistes et les communistes, pour s’imposer comme interlocuteur face à la droite et à Emmanuel Macron. La subtilité étant que personne n’a même eu besoin de rompre l’union de la gauche, puisque les Insoumis se sont exclus d’eux-mêmes, ce que n’a pas manqué de souligner Marine Tondelier et ce dont Fabien Roussel s’est franchement moqué : « Ils font ce qu’ils veulent », a-t-il commenté comme si cela n’avait que peu d’importance.
Il est peu probable qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche et la gauche ne pourra donc pas afficher sa victoire. Mais là n’est peut-être pas l’essentiel dans la crise politique à hauts risques dans laquelle nous nous trouvons. L’essentiel, c’est que pour la première fois depuis la constitution de la Nupes en 2022, Jean-Luc Mélenchon n’est plus au cœur du réacteur à gauche.
Il s’est au contraire marginalisé, isolé dans une opposition systématique et stérile à toute tentative de discussion, cantonné à se retrouver dos à dos avec Marine Le Pen qui, dans les sondages, le devance pourtant de 30 points au second tour d’une élection présidentielle. Et ça, c’est aussi en partie grâce au NFP, puisqu’avec seulement 72 députés, les Insoumis pèsent beaucoup moins à l’Assemblée Nationale parmi les 193 députés que compte l’alliance électorale de gauche.
Il aura donc fallu en passer par là pour remettre à sa juste place Jean-Luc Mélenchon qui malgré ses vociférations et sa pression médiatique apparaît pour ce qu’il est : l’homme politique le plus détesté de France à la tête d’une force politique secondaire. Aux socialistes, à présent, de maintenir le cap.