Le risque d’une guerre sans fin
Il n’est qu’une solution pour conjurer la menace d’un conflit interminable : la définition d’un plan de paix que proposeraient les grandes démocraties. Par François Hollande
Il est des moments dans la vie internationale où les problèmes les plus cruciaux paraissent sans solution. C’est d’abord la guerre en Ukraine, qui s’enfonce lentement dans une impasse. La contre-offensive de Kiev n’a pas été assez puissante pour avoir raison de l’obstination odieuse de Vladimir Poutine à poursuivre coûte que coûte une opération qui a, d’ores et déjà, lamentablement échoué.
C’est ensuite le conflit du Proche-Orient, qui menace de durer de longs mois. En réponse aux crimes terroristes perpétrés en Israël par le Hamas, le gouvernement de Netanyahou mène une offensive terrestre qui promet d’être meurtrière, tout en multipliant les bombardements dont de nombreux civils deviennent les malheureuses victimes.
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Mais qui peut imaginer, quand bien même Israël contrôlerait entièrement l’enclave de Gaza et éradiquerait l’essentiel des forces du Hamas, qu’il sera possible de revenir à la situation antérieure ? Dans ce territoire exigu, une population de plus de 2 millions d’habitants survit sans capacité de développement : il sera facile pour des groupes terroristes, le Hamas ou un autre, de nourrir l’esprit de revanche.
À l’inverse, si un cessez-le-feu était obtenu sous la pression internationale, qui peut croire que le Hamas, même entamé dans ses possibilités d’action, ne réengagerait pas, un jour prochain, des attaques terroristes au cœur même d’Israël ? Et qu’en Cisjordanie, il ne supplanterait pas le Fatah, anéantissant ce qui reste de légitimité à l’Autorité palestinienne ?
L’ONU, avec une large part de la communauté internationale, dont les États-Unis et la France, appelle à la coexistence de deux États avec des frontières sûres et des garanties de sécurité. Hier, ou plutôt avant-hier, la proposition dessinait un avenir possible pour Israël et la Palestine. Elle a subi des avanies répétées avec la politique de colonisation menée depuis une quinzaine d’années par Netanyahou et avec la montée de l’extrême-droite israélienne, qui nie aux Palestiniens toute perspective politique. Elle a encore pâti du discrédit qui frappe l’Autorité palestinienne et des violences qui se sont répétées depuis plusieurs mois entre les colons et les Palestiniens.
Quant aux pays arabes, ils s’étaient délestés de la charge du problème palestinien, hormis les aides qu’ils ont accordées, selon leur accointance, au Hamas ou au Fatah. Ils sont désormais déstabilisés par les liens que l’Iran a su tisser dans la région et par des opinions publiques tentées de rejeter leur accord avec Israël.
Là encore, tous les ingrédients sont réunis pour une guerre longue. Certes, Gaza finira par tomber. Mais comment occuper ce territoire et assurer durablement la sécurité ? Certes, l’Autorité palestinienne sera rétablie dans son statut de seule représentante habilitée à négocier. Mais comment être certain que ses engagements vaudront au-delà de quelques mois ? L’accumulation des morts créera une réprobation générale et des condamnations de toutes sortes, tout en creusant les divisions au sein des sociétés démocratiques. Mais les émotions ont-elles jamais favorisé des décisions raisonnables ?
Pour toutes ces raisons, il encore temps de définir un plan de paix pour Israël et la Palestine, qui associerait les États-Unis, l’Europe et les pays arabes. Reprenant les grandes lignes des accords d’Oslo (qui datent de plus de trente ans) il doit rassurer Israël sur sa sécurité, offrir une issue aux Palestiniens qui renoncent à la violence – à savoir un État viable – et faire des pays de la région les garants du respect des engagements pris.
Alors, au-delà des nécessaires trêves sanitaires à Gaza, de la libération des otages et de l’évacuation des blessés, une perspective peut se faire jour, qui permettrait aux Israéliens de mettre un terme à leur intervention sans avoir à craindre pour leur avenir.