Le sauvetage inespéré des enfants juifs de Vénissieux
Une enquête révèle le sauvetage de 108 enfants par les réseaux de Résistance face à la police collaborationniste de Vichy. Une leçon de courage et de droiture.

Août 1942 dans la région lyonnaise. La police de Vichy s’apprête à organiser une nouvelle rafle après celle du Vel’ d’Hiv. Mais des consciences s’élèvent pour contrecarrer la barbarie. Avec son titre qui claque comme un cri de guerre, Vous n’aurez pas les enfants, raconte les stratagèmes déployés par les réseaux embryonnaires de la Resistance lors d’un épisode méconnu de la Shoah en France.
L’ouvrage, poignant, décrit le sauvetage quasi inespéré de 108 enfants juifs d’origine étrangère, destinés à la déportation depuis le camp de Vénissieux. Arrêtés avec leurs familles par la police française de Vichy, ils sont voués à être envoyés en zone occupée pour être livré au SS. S’enclenche alors une lutte sourde contre la police et la préfecture pour extirper ne serait-ce que les enfants de ce convoi promis à la mort.
Des prêtres, des assistants sociaux, des fonctionnaires que la collaboration révolte se liguent pour trafiquer des documents et contourner les règlements. Parmi les méandres de toutes ces manœuvres, les auteurs nous plongent dans l’urgence déchirante vécue par les familles juives du camps, contraintes à l’impensable : abandonner leurs enfants pour qu’ils soient sauvés. Les dessins aux traits sobres et vibrants d’Olivier Balez restituent la tension de ces journées tragiques tandis que le scénario d’Arnaud Le Gouëfflec réussit à saisir avec finesse et retenue la complexité des sentiments humains confrontés à l’extrême.
Ce récit graphique interroge la responsabilité collective d’une société face au mal, soulignant combien les actes de courage individuels peuvent changer le cours des choses.
Vous n’aurez pas les enfants, scénario Arnaud le Gouëfflec, dessin Olivier Balez, adapté du livre de Valérie Portheret, 152 pages, 24 €
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