Le terrorisme d’extrême droite, un fléau en Allemagne

par Pierre Feydel |  publié le 03/05/2024

Complots, attentats, assassinats. Néo-nazis et consorts rêvent de déstabiliser la République fédérale

Un néonazi entouré par la police anti-émeute lors d'un rassemblement pour commémorer le 68e anniversaire du bombardement de Dresde - Photo ROBERT MICHAEL / AFP)

Les progrès électoraux de l’extrême-droite allemande, son infiltration des organismes de l’État fédéral, les complots et les crimes de groupes armés se réclamant parfois délibérément du nazisme inquiètent sérieusement les autorités allemandes. Il y a d’abord ce que les scrutins révèlent. L’Alternative für Deutschland (AFD) est le parti politique dont des responsables, en novembre 2023, étudiaient un plan d’expulsion de millions de citoyens allemands issus de l’immigration, dont plusieurs dirigeants sont soupçonnés de fortes connivences avec la Russie.

Aujourd’hui, sa progression continue l’a haussé à la seconde place des forces politiques allemandes avec plus de 20 % des voix selon les derniers sondages sur les intentions de vote. Dans les länder de l’Est, ceux qui correspondent à l’ex-RDA, ses succès atteignent plus de 30 % de l’électorat.

Autour de cette expression légale du nationalisme le plus radical existent une multitude de groupes,violents, clandestins. À propos du complot des « Reichsbürger » dont les procès sont en cours et qui voulaient rétablir l’empire par un coup d’état armé, la ministre fédérale de l’Intérieur, Nancy Faeser, a parlé « d’abime de menace terroriste. » Le journal.info a rendu compte de cette affaire. Il y en a eu de nombreuses autres.

Dès 1980, un attentat à la bombe lors de la fête de la bière à Munich fait 12 tués et 213 blessés. Le coupable est un partisan du groupe néonazi Hoffmann. 14 organisations d’extrême droite sont interdites dans les années 2000. Mais le National Socialist Underground (NSU) tue neuf immigrés grecs et turcs en 2000 et 2006, assassine une policière et commet deux attentats à la bombe à Cologne.

Lors du procès, en 2013, des membres du NSU, le caractère nazi de leurs motivations apparait clairement. Plus de 600 témoins sont auditionnés. Beate Zschäpe, l’exécutrice-en-chef, est condamnée à la perpétuité. Plus prés de nous en 2019, le préfet de Kassel était assassiné par un ancien membre du NPD néo-nazi. L’année suivante un militant d’extrême droite abat neuf personnes dans des bars à chicha de Hainau prés de Francfort.

Il existe aussi des organisations qui se radicalisent tels les « Querdenker » , les « non-conformistes » un mouvement apparu lors de la Crise du Covid, violemment antivacs, adeptes de théories complotistes. Un de leurs membres fait partie des dirigeants des « Reichsbürger » arrêtés.

L’Office fédéral de protection de la constitution, le service de renseignement intérieur allemand, l’équivalent de la DGSI française, surveille de prés tout ce petit monde. Près de 30 000 militants d’extrême-droite sont répertoriés. La moitié d’entre eux sont considérés comme susceptibles de passer à l’acte. Mais il y a plus grave encore 5 à 15 % des policiers défendraient des idées d’extrême-droite. Plusieurs centaines ont fait l’objet de mesures disciplinaires.

En Europe, aujourd’hui, nombre de responsables des services de sécurité considèrent la menace d’extrême-droite aussi forte que celle des groupes islamistes.

Pierre Feydel

Journaliste et chronique Histoire