Léon Deffontaines, un communiste contre OSS 117
Vent de fraicheur à gauche de la gauche. La tête de liste de la liste communiste aux Européennes se révèle un débatteur efficace
28 ans, toutes ses dents et prêt à mordre. Léon Deffontaines, tête de liste du Parti communiste aux Européennes du 9 juin n’a pas manqué sa prestation mardi soir au grand débat organisé par LCI. Longiligne, souriant, solide sur ses bases politiques, il s’est montré pugnace et à l’occasion franchement agressif, en particulier à l’égard de Jordan Bardella. Rappelant au candidat du RN, ses positions très peu sociales , il s’est vu rétorquer : « Vous êtes communiste en 2024… Il s’agirait peut-être de grandir un peu ».
Une remarque méprisante, qui a énervé le jeune candidat, traitant son contradicteur d’« OSS 117 », le héros comique des films de Michel Hazanavicus incarné par Jean Dujardin. Un personnage d’agent secret des années 1960, passablement débile et obsédé par les communistes. Une passe d’armes qui a beaucoup amusé les internautes.
Engagé aux Jeunesses communistes à 17 ans, il est alors un lycéen en terminale économique et sociale. À 18 ans déjà, à Amiens sa ville natale, il est candidat en 17ème position sur une liste de Lutte Ouvrière aux municipales de 2014. Un faux-pas trotskyste qu’il oubliera vite en militant activement dans le mouvement de jeunesse du PC, dont il deviendra le secrétaire général pour la Somme. En 2019, il occupe le même poste au niveau national. Fils d’un fleuriste et d’une psychologue, issue d’une longue lignée d’agriculteurs, le jeune Picard n’oublie pas le monde ouvrier.
Il se bat avec les ouvriers de l’usine Goodyear d’Amiens que la firme veut fermer. Il a certes commencé des études de droit de sciences politiques et de science de l’éducation. Il veut être prof. Mais l’engagement social donc politique est le plus fort. D’ailleurs, Léon Deffontaines milite dans une association de soutien scolaire pour les jeunes des banlieues d’Amiens.
Son expression orale, claire, vive, tranchée, va faire de lui le porte-parole du candidat de son parti , Fabien Roussel à la présidentielle de 2022. Il grimpe toujours, occupe la même fonction pour le parti l’année suivante. Avant d’être propulsé à en tête de la liste aux Européennes. Qu’est-ce qui lui vaut une si rapide ascension ? Pas seulement sa fidélité à Fabien Roussel dans la roue idéologique duquel il s’est soigneusement installé. Lui aussi défend le travail, le nucléaire, une vision productiviste de l’économie, à l’opposé des discours de décroissance de certains écologistes ou de LFI.
Lui aussi se dit « mal à l’aise » avec la campagne des Mélenchoniens tout entière tournée vers la Palestine et la condamnation d’Israël . Il juge : « Si le combat juste des Palestiniens pour vivre dans un État n’est finalement qu’un prétexte électoral. C’est scandaleux. »
C’est sans doute cette façon « cash » de s’exprimer qui le rend sympathique, que l’on partage ou non ses convictions. Quand il lance « l’Europe libérale ? Quelle crève ! », tout d’un coup on oublie les ambiguïtés du « en même temps ». L’adversaire principal, pour lui, c’est d’abord le Rassemblement national, qui capte l’électorat populaire que la gauche doit retrouver. Une stratégie identique à celle d’un autre Amiénois, François Ruffin. Au fait est-ce que ces deux-là se parlent ?