Les artificiers du chaos

par LeJournal |  publié le 14/06/2024

Ils seraient quatre mousquetaires à avoir imaginé l’arme de la dissolution. Un quarteron de communicants qui soufflent à l’oreille du Président

Le Parisien du 10 juin 2024, dans le contexte de la dissolution de l'Assemblée nationale- Photo Magali Cohen / Hans Lucas

Ils ont réussi à convaincre le Président. Avec quel argument ?

Quitte à être acculé par un très mauvais score aux élections européennes et à se retrouver sous le feu des critiques, mieux vaut dissoudre l’Assemblée nationale à la manière de De Gaulle après les événements de mai 68. Pour reprendre la main et redevenir le maître des horloges.

Pierre Charron

Pierre Charron Photo PATRICK KOVARIK / AFP

Qui ne connaît pas Pierre Charron ? Il fut le conseiller le plus proche de Nicolas Sarkozy, celui chez qui le Président d’alors s’était réfugié lors de sa rupture avec sa première femme Cécilia et qui lui a présenté la deuxième Carla. Sa connaissance du parti Les Républicains est précieuse, il a rythmé l’histoire de la droite. Assistant parlementaire de Marcel Dassault, conseiller de Jacques Chaban-Delmas, puis de Jacques Chirac, il est de ceux qui va choisir Nicolas Sarkozy. Sénateur Les Républicains, il a échoué à être reconduit aux dernières élections sénatoriales. C’est un épicurien qui aime le bon vin et les bons repas. Il connaît tous les potins parisiens et a su gagner l’oreille d’Emmanuel Macron.

Clément Leonarduzzi

Clément Leonarduzzi Photo Ludovic MARIN / AFP

Entre l’Élysée et la Présidence de Publicis-Consultants, ce communicant fait des allers-retours au gré des circonstances électorales. Il reste en poste à l’Élysée et accompagne Emmanuel Macron jusqu’aux élections législatives de 2022 avant de s’éloigner pour prendre la tête de l’agence de communication, mais en continuant de faire partie du cercle des conseillers occultes du Président.

Il vient de rempiler et mènera la campagne des élections législatives aux côtés du Président. Le 7 juin, à 48 heures de l’annonce de la dissolution, Emmanuel Macron lui remet la Légion d’honneur. Il est adepte des leurres et excelle à brouiller les pistes pour berner la presse.

Bruno Roger Petit

Bruno Roger-Petit Photo LUDOVIC MARIN / AFP

Il est à l’origine de la doctrine mémorielle qui a conduit le Président de la République à faire entrer Manoukian au Panthéon et aussi à célébrer tous les anniversaires de l’histoire française. Personnage paradoxal, apprécié pour son esprit et sa culture, mais aussi craint par les journalistes, il assure être un conseiller influent et stratégique au sein de l’Élysée, ce qui n’est pas faux. Il s’est fixé pour mission d’écrire le récit de « Jupiter » et a théorisé la dissolution comme un acte gaullien afin de reprendre comme en 1968 le contrôle du pays.

Depuis des mois, il plaide pour que soit entendue la demande de « conservation » et de « régénération » qui émanerait du peuple français, étreint par un profond sentiment de « dépossession ».

Jonathan Guémas

Jonathan Guemas – Photo Andrea Savorani Neri / NurPhoto

L’homme qui a l’ambition d’écrire l’histoire de la légende et de l’héritage de la France a pris la place de son ami et acolyte Clément Léonarduzzi à l’Elysée lorsque celui-ci est parti dans le privé travailler pour les grands patrons. Sa mission était de redonner du souffle et de la vision à un Président de la République acculé et empêché d’agir par les contraintes de sa majorité relative, enivré par l’illusion de sa propre grandeur, mais paralysé par le temps qui file sans pouvoir laisser de trace.

Il a fait ses armes auprès de Gérard Collomb, l’ancien ministre de l’Intérieur et compagnon de route de la première heure du Président, qui avait claqué la porte en prophétisant que la France ne serait plus « côte à côte », mais « face à face ».

LeJournal