Les doléances de 2019 : la scandaleuse dissimulation

publié le 02/12/2023

Une « quête citoyenne » consistant à aller chercher par soi-même les doléances présentes dans chaque archive départementale. Par Rémy Goubert

« Nous sommes le sol sur lequel vous marchez. Vous êtes de plus en plus lourds et nombreux. Ça ne peut pas durer. » Ce cri du cœur fait suite au mouvement des « gilets jaunes ». Après deux mois de crise, le président de la République convoqua dans une lettre du 13 janvier 2019, les Français à « transformer les colères en solutions ». Le grand débat national naissait. Plus de 500 000 de nos concitoyens ont participé aux réunions publiques locales et consigné leurs doléances dans quelque 16 000 « cahiers citoyens ».

Pourtant, contrairement aux promesses d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, il est impossible d’accéder à ces documents. Aujourd’hui, seuls sept départements métropolitains (Somme, Eure, Calvados, Ille-et-Vilaine, Nièvre, Charente-Maritime et Lozère) et certains arrondissements de Paris ont rendu leurs doléances publiques.

C’est toujours un véritable chemin de croix pour tout citoyen de pouvoir accéder à l’essentiel de ces « cahiers », devant à chaque fois faire une demande auprès des archives nationales ou départementales. Pourtant, c’est la volonté populaire que nous trouvons dans les « cahiers citoyens » : leur accès devrait être facile et public. Il n’est pas normal de devoir justifier de sa qualité de chercheur pour accéder aux doléances. Il n’est pas normal non plus de conditionner cette consultation à l’approbation ou non de l’Administration !

Cette confiscation et cette trahison de la parole publique est une honte. Le gouvernement doit rendre accessibles ces doléances. S’il ne le fait pas, agissons nous-mêmes. Ainsi, puisque le politique n’entend pas, organisons-nous nous-mêmes. Allons dans nos archives départementales pour collecter ces textes écrits et les publier. Il faut remettre sur le devant de la scène ces revendications qui demeurent d’une brûlante actualité et doivent être entendues. Retrouvons notre volonté, soigneusement écrite et pour laquelle nous avons consacré du temps sur la demande du président de la République.

C’est le mouvement populaire des gilets jaunes qui a conduit à l’organisation du Grand débat. C’est aujourd’hui aux citoyens d’aller chercher les doléances archivées dans des salles obscures. C’est un esprit de conquête qu’il convient d’adopter : une conquête tranquille. Si la souveraineté du peuple est certes exercée par ses représentants, l’essence démocratique demeure depuis la Constitution de 1958, et ne pourrait être autre que : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » !

*L’association « Rendez les doléances », présidée par Rémy Goubert, se bat depuis 2019 pour faire appliquer la promesse du Président Macron, à savoir la publication des doléances faisant suite au grand débat national.