Les livres de l’été : « La Grande Confrontation »
C’est l’histoire de nos lâchetés. Un dictateur paranoïaque se déchaine et nous le regardons faire, longuement, sans réagir… ou si peu. Notre silence fut une invitation à l’agression
Raphaël Glucksman nous rappelle l’enchainement. Après que Poutine ait massacré la Tchétchénie, après qu’il ait soutenu l’assassin de Damas, après qu’il a démembré la Géorgie, après qu’il ait annexé la Crimée, quelle fut la réaction des démocraties ? Elles se sont couchées. Résultat : la guerre, la vraie. Et la honte.
L’auteur récapitule les faits sans omettre la compromission de certaines de nos « élites ». C’est la pourriture du Royaume qui a perdu le Danemark, nous dit Hamlet.
Son livre nous dit aussi que l’avenir de l’Europe se joue là, entre dépendance américaine, décrochage stratégique ou sursaut existentiel. L’incapacité de nos États à s’entendre sur une défense commune nous livre à une Amérique de plus en plus incertaine. Triste constat, très informé, d’un député européen qui -pourtant- refuse de baisser les bras.
Ce livre est enfin un cri : nous, Européens, avons le privilège d’appartenir aux 20 % de la population mondiale qui vit en liberté, il est incroyable que nous hésitions à nous unir pour la défendre ! L’histoire l’enseigne pourtant : les peuples sont asservis quand ils prennent l’habitude de vivre à genoux.
Soyons clairs, nous dit Gluscksman : nous avons besoin de l’Ukraine autant qu’elle a besoin de nous. Pas seulement parce qu’elle bloque l’avancée d’un ennemi à nos frontières. Mais surtout parce qu’elle fait preuve du courage qui nous manque. Elle se bat pour la démocratie. C’est-à-dire pour nous.
« La grande confrontation » Ou comment Poutine fait la guerre à nos démocraties. Raphaël Glucksman, Éditions Allary