Les livres de l’été : « Le siècle des stars »
En pleine grève des acteurs à Hollywood, le livre de Olivier Rajchman, nous propose de mieux connaître les grandes stars qui ont fait le cinéma américain
Du haut de cette colline californienne, un siècle d’histoire du cinéma nous contemple. C’est aussi l’histoire de nos sociétés, de nos mentalités, nos passions et nos excès. Quelle industrie, mieux que le cinéma, a su décrire, faire rêver et construire des icônes devenues légende ?
Le livre propose quarante portraits de stars hollywoodiennes, des années 1920 à nos jours. On danse avec Fred Astaire et son tempérament de feu, on découvre une Audrey Hepburn jugée trop « aristo » pour réussir, et Clark Gable la légende du film d’« Autant en emporte le vent » et notoirement gay au cœur d’une époque qui ne l’admettait pas, quand le FBI de John Edgar Hoover récoltait tous les « scandales » du milieu. Et Steve Macqueen, enfant abandonné, qui a trouvé refuge dans ses rôles. Et Jane Fonda militante pacifiste. Et l’insubmersible Tom Cruise…
Les studios Warner, MGM, Universel, devenus des institutions, ont « fait » ces stars. Entre leurs mains, elles ont été des instruments modelables à souhait pour les présenter sous leurs meilleurs. Arrêtons-nous un instant sur celle qui fait la couverture du livre, Marylin Monroe. Issue d’un milieu défavorisé, elle met du temps à s’imposer avant de crever l’écran dans « Sept ans de réflexion », « certains l’aiment chaud » ou le « Milliardaire ».
Paradoxalement, elle devient le symbole de la femme-objet, déshumanisée et renvoyée à son physique de belle blonde. Au point que, lors d’un tournage en Europe, Laurence Oliver lui lancera : « Tout ce qu’on te demande, c’est d’être sexy ! » Pauvre Marylin. Morte dans des conditions jamais totalement éclaircies, elle demeure la grande légende, tragique, d’Hollywood.
Tous ces portraits dessinent en creux « le » portrait-robot de la star hollywoodienne, condamnée – par quel Dieu implacable sinon l’ogre populaire ? – à cumuler un vrai talent avec une dramaturgie personnelle. La célébrité, le glamour, l’argent, un brin de folie, mais des traumatismes, voire des échecs qui la rendent unique.
Olivier Rajchman retrace ces parcours et nous plonge dans l’histoire du cinéma que l’on fantasme encore de nos jours. À l’heure du streaming et de l’overdose de films sans saveur, ces 400 pages montrent que l’industrie cinématographique américaine reste une machine à créer des mythes.
Horreur ! Populaires et gloutons, on en redemande.
« Le Siècle des stars », Olivier Rajchman, Perrin, 430 pages, 24€