Les louches sophismes de Rima Hassan

par Laurent Joffrin |  publié le 09/10/2024

La députée européenne de LFI, militante propalestinienne, use d’une rhétorique juridique qui n’est en fait qu’un pernicieux double langage.

Laurent Joffrin

Elle est devenue l’égérie des propalestiniens. Rima Hassan bénéficie d’une notoriété médiatique hors du commun, qui découle de sa facilité à enrober son discours militant d’une rigueur juridique apparente. Mais dès qu’on s’y penche, on voit tout de suite les ficelles…

Dernier exploit en date : une altercation avec Olivier Truchot et Alain Marschall, journalistes à BFM. Interrogée sur les sifflets adressés à Emmanuel Macron, elle détourne d’emblée l’entretien pour accuser la chaîne de parti-pris pro-israélien. À son grand dam, Truchot et Marshall lui coupent aussitôt… le sifflet.

Censure ? En fait, tous les journaux, interrogeant des personnalités, refusent de publier des propos négatifs à leur encontre quand ils sortent du cadre de l’entretien prévu. C’est un contrat implicite avec la personne interrogée : elle peut très bien critiquer tel ou tel média à l’extérieur, mais rien n’oblige les journalistes à se laisser marcher dessus dans leur propre journal, d’autant plus que Rima Hassan a assorti son propos d’une conclusion menaçante pour BFM : « Vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre en tant que média ».

La réaction est d’autant plus compréhensible que la critique de Rima Hassan contre BFM était biaisée. La jeune femme s’appuyait sur une déclaration du porte-parole de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz, félicitant BFM pour son traitement de la guerre de Gaza, et qui vaut preuve à ses yeux. L’ennui, c’est qu’elle le cite partiellement. Non seulement Rafowicz parle d’un traitement équilibré « des deux côtés » de la part de BFM, mais il critique, quelques secondes plus tôt, un reportage de la chaîne sur le sort des civils de Gaza. Félicitations très mélangées, donc, ce que Rima Hassan se garde bien de mentionner.

Elle est en fait coutumière du fait. Ainsi elle se prévaut d’une ordonnance de la Cour pénale internationale (CPI) pour clamer partout qu’un génocide est en cours à Gaza. Or la Cour parle dans son texte d’un « risque de génocide » et non d’une « génocide en cours ». Et sa présidente Madame Donoghue précise bien que la Cour ne s’est pas prononcée sur le fond de l’affaire et que l’ordonnance ne préjuge en rien de sa position finale.

À vrai dire, les attendus de l’ordonnance sont déjà très critiques envers l’armée israélienne qui multiplie les pertes civiles et envers les déclarations de certains dirigeants israéliens qui pourraient constituer une « intention de génocide ». Nul besoin, si on s’appuie sur cette ordonnance, de lui faire dire ce qu’elle ne dit pas pour condamner l’action israélienne à Gaza. En fait Rima Hassan estime, elle, (ce qui est son droit) qu’il y a génocide dans l’enclave. Mais évidemment, en usant de ce sophisme, elle donne le sentiment que sa thèse a été confirmée par l’ONU, ce qui n’est pas le cas. Les mauvaises langues y voient une intention cachée, manifeste chez d’autres contempteurs d’Israël : imputer aux victimes du génocide nazi la responsabilité d’un autre génocide, opération rhétorique de déligitimation globale de l’État d’Israël…

Même double langage, ou message caché, dans son utilisation du slogan « Libérez la Palestine de la rivière à la mer », qui contient implicitement la menace d’une destruction pure et simple de l’État d’Israël. Cette position étant insoutenable par une députée européenne, Rima Hassan explique qu’elle fait en fait référence à un idéal lointain, la constitution d’un « État binational israélo-palestinien », vieux mot d’ordre du mouvement palestinien, mais qu’elle se rallie, dans l’immédiat, à la solution dite « des deux États ». Autre sophisme : la plupart de ceux qui mettent en avant ce slogan veulent bien dire qu’ils sont favorables à la disparition de « l’État colonial israélien », ou de « l’entité sioniste ». Ce que sait parfaitement Rima Hassan, qui envoie un double message : un soutien aux pires ennemis d’Israël, camouflé sous une argutie de convenance.

Même chose, enfin, dans les menaces qu’elle a brandi à deux reprises envers ses adversaires politiques : François-Xavier Bellamy, député de droite au Parlement européen, ou BFM-TV, tous deux prévenus qu’il devront un jour « rendre des comptes ». Dans un pays où les attentats islamistes ne sont pas rares, ce genre de propos prend une connotation très particulière. Rima Hassan expliquera bien sûr qu’il s’agit de rendre des comptes dans le débat, ou face à l’opinion. Mais le message est tout de même envoyé…

Elle se défend enfin de tout antisémitisme. Mais quand une déclaration du ministre français des Affaires Étrangères lui déplaît, elle l’accuse d’avoir parlé « sous la dictée du CRIF ». Ce qui revient à attribuer aux Juifs un pouvoir subreptice sur la vie politique française. Drumont n’est pas loin…

Une fausse juriste, donc, et une vraie propagandiste, aux sous-entendus très louches.

Laurent Joffrin