Les promesses non tenues d’Emmanuel Macron

par Valérie Lecasble |  publié le 29/10/2023

Pour calmer le climat social après la contestation sur les retraites, le Président de la République avait promis d’améliorer la vie au travail en France. Six mois plus tard, pas une seule mesure concrète n’a été annoncée dénonce François Ruffin

France, Paris, 2023-10-20, A l'assemblée nationale - Photo Magali Cohen / Hans Lucas.

François Ruffin est l’un des rares de La France Insoumise à trouver parfois le ton juste. Premier parmi ses collègues à qualifier de terroriste l’attaque du Hamas sur Israël, il interpelle cette fois Emmanuel Macron dans une déclaration solennelle à l’Assemblée nationale. Objet : le « Pacte de la vie au travail ».

Souvenez-vous, c’était au printemps dernier peu après la promulgation de la loi sur la retraite à 64 ans. Après des mois de contestation, le Président de la République avait alors sorti le grand jeu pour appeler à une rencontre au sommet entre les partenaires sociaux. L’objectif affiché était de réunir les Français autour de la réhabilitation de la valeur et des conditions de travail en France, d’améliorer les revenus, de faire progresser les carrières, de mieux partager les richesses et d’ aider à la reconversion, bref, trouver de quoi faire passer la pilule de l’allongement du nombre des trimestres nécessaires pour prendre sa retraite.

Le  « mal-travail » est cette pression sans cesse accrue qui a bouleversé ce qui était autrefois le métier, la fierté de chaque personne à travailler pour le réduire à un simple coût que les employeurs ne cessent de vouloir diminuer, avec l’obsession d’accroître à l’infini la rentabilité des entreprises. Toujours plus pour les dividendes des actionnaires, toujours moins pour les salaires des travailleurs.

François Ruffin, rapporteur de la Commission des Affaires sociales, en égrène les conséquences : délocalisations, sous-traitance, précarité, intérim, contrats à durée déterminée sans oublier le « sous-statut d’autoentrepreneur qui génère des sous-revenus ». Et de rappeler : « le coût du mal-travail coûte à la France 3 à 4 % de son PIB selon Xavier Bertrand, les économistes l’estiment à 100 milliards d’euros ».

François Ruffin pointe également le nombre des décès au travail dont la France détient en Europe le triste record avec… deux morts par jour.

Six mois après, force est de constater que la promesse d’Emmanuel Macron est restée lettre morte. Pas de vrais échanges entre les partenaires sociaux, pas de mesures annoncées par le gouvernement, l’annonce présidentielle n’a débouché sur rien. Témoin le budget 2024, tout juste adopté grâce au 49-3, qui ne prévoit pas un centime à cet effet, sinon la chasse aux arrêts maladie abusifs.

L’environnement était pourtant propice. En avril dernier Sophie Thiéry, Présidente de la Commission travail emploi du CESE et Jean-Dominique Senard, Président de Renault, deux experts en la matière, avaient largement débroussaillé le terrain grâce à leur rapport, fruit de quatre mois des Assises sur le travail, au ministre du Travail Olivier Dussopt pour « reconsidérer le travail » et « restaurer la confiance ».

Il s’agissait globalement de revoir les pratiques managériales dans l’entreprise et de redonner plus d’autonomie aux travailleurs.

Las ! Olivier Dussopt décrédibilisé par les manifestations contre la loi sur les retraites n’a pas su embrayer pour mettre en œuvre ces propositions pertinentes.

Sans doute faudra-t-il attendre la prochaine révolte sociale pour en entendre de nouveau parler. Trop tard. Et dans un contexte explosif… En attendant une nouvelle annonce présidentielle ?

Valérie Lecasble

Editorialiste politique