Les quatorze conditions de Mélenchon
La direction de LFI envoie un ultimatum au PS. Un geste qui rappelle d’anciens souvenirs…
Léninistes un jour, léninistes toujours… La direction de LFI vient d’envoyer au PS une lettre comminatoire où il le somme de répondre à quatorze questions, faute de quoi la NUPES sera rompue. Pour ceux qui ont un vague souvenir de l’histoire du socialisme français, le procédé évoque immanquablement (à une tout autre échelle, certes), les conditions posées en 1920 à l’adhésion des socialistes français à la Troisième internationale créée sous l’égide du Parti bolchevik. Après les 21 conditions de Lénine, voici les 14 conditions de Mélenchon…
Pour mémoire, la SFIO s’était réunie à Tours pour décider de sa réponse aux révolutionnaires russes. La majorité avait voté pour l’adhésion, créant ainsi le Parti communiste français. La minorité avait refusé. Dans un discours historique, Léon Blum, porte-parole des réformistes, avait justifié son refus des 21 conditions en prophétisant la mise en place d’une dictature totale en Russie, sous la férule d’un parti autoritaire et militarisé, lui-même dirigé par un petit groupe doté de tous les pouvoirs, qui aboutirait à la disait-il, à la dictature d’un seul homme.
Il avait annoncé son intention de rester au sein du socialisme jaurésien « garder la vieille maison », dans le respect des libertés publiques et des institutions républicaines, consacrant ainsi la césure entre réformistes et révolutionnaires.
On ne sait encore ce que le PS va répondre. Mais il se retrouve dans une nasse. La lettre mélenchonienne, en effet, consiste à réitérer les positions prises par LFI, sans en amodier une seule. LFI considère ainsi que la ligne politique de LFI ne souffre aucune critique, aucun amendement, aucune concession. Si le PS cède, la NUPES continuera comme devant, sur les bases définies par Mélenchon. Sinon l’alliance est rompue.
D’où la question qui se pose aussitôt : la direction du PS maintiendra-t-elle ses critiques, ou bien décidera-t-elle de se soumettre ? Être ou ne pas être un parti autonome ? Telle est la question.