Les salades de Versailles
Choose France? Oui, mais le triomphalisme affiché n’est pas de mise
Chaque année, le grand rassemblement de Versailles, appelé Choose France, me laisse un sentiment curieusement ambigu. Ayant moi-même beaucoup bataillé à la tête de la DATAR il y a quelques années pour l’accueil de l’investissement étranger, je salue les chiffres annoncés.
Il reste que le triomphalisme affiché sur « l’attractivité du territoire » n’est pas de mise. Les 15 milliards d’euros d’investissement annoncés il y a une dizaine de jours ne représentent qu’une part minime du total des investissements en France qu’on peut évaluer à 300 milliards (comme le fait remarquer le Figaro Eco du 21). Surtout les flux d’investissements entrants doivent être comparés aux flux sortants, que la Banque de France chiffrait l’an dernier à 63 milliards d’euros.
Conclusion : une sortie nette de capitaux considérable et depuis des années. Si nos grandes entreprises font preuve de dynamisme en allant chercher des marchés à l’étranger c’est bien, mais cela suppose des acquisitions ou la création de filiales en dehors de l’hexagone . L’Insee évalue à près de 50 000 le nombre de ces implantations (hors le secteur bancaire). Autant de moyens financiers qui ne profitent pas directement à la ré industrialisation de notre économie, par ailleurs une grande priorité nationale.
Nos propres chefs d’entreprises douteraient-ils parfois des atouts de leur propre territoire ? En tout cas la médaille a son revers : ces implantations à l’étranger expliquent en grande partie l’importance des importations et le déficit commercial de la France, le plus élevé de toute l’Union européenne: moins 111 milliards d’euros de janvier à octobre 2023 !
Si l’on veut que les Français soient mieux éduqués qu’ils ne le sont en matière économique, si l’on veut qu’ils retrouvent confiance en leurs dirigeants… il vaudrait mieux leur expliquer les choses au lieu de leur raconter des salades.