Les sociaux-démocrates se rebiffent

par Valérie Lecasble |  publié le 27/08/2024

L’aile sociale-démocrate du Parti Socialiste refuse de se plier à la stratégie LFIste déployée par son Premier secrétaire Olivier Faure.

Premier Secrétaire du PS, Olivier Faure, est de plus en plus en difficulté au sein du parti - Photo Xose Bouzas / Hans Lucas

« Vous avez échoué à faire nommer un Premier ministre (..). Nous ne pouvons être les supplétifs de La France Insoumise, les provocations de LFI ne cesseront jamais, c’est leur ADN (…). J’assume qu’il nous faut reprendre des discussions avec le président de la République ». Au lendemain de l’élimination par Emmanuel Macron de Lucie Castets pour Matignon, les minoritaires du Parti Socialiste, par la voix d’Hélène Geoffroy, ont repris l’offensive lors de la réunion du Bureau National de leur parti.

En guerre ouverte contre le Premier Secrétaire Olivier Faure, ils veulent continuer à soutenir l’un des leurs pour accéder à Matignon et critiquent la politique de la chaise vide décrétée par le Premier Secrétaire qui refuse de retourner rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée afin, dit-il, de ne pas apparaître comme « complice d’une parodie de démocratie ». Hélène Geoffroy qui souhaite au contraire poursuivre les discussions s’indigne : « Il nous sera reproché par tous les électeurs, les nôtres et ceux du front républicain, de n’avoir pas essayé jusqu’au bout ».

Et de remettre en cause tout à la fois le programme du Nouveau Front Populaire que n’ont jamais entériné les instances du parti et le dogme édicté par LFI selon lequel une motion de censure de principe devrait être votée contre tout autre Premier ministre que Lucie Castets.
On pourrait croire à une énième bataille picrocholine au sein du Parti Socialiste, si celle-ci n’offrait la possibilité de rouvrir le jeu.

Convaincu qu’aucune victoire n’est possible si la gauche n’est pas unie, Olivier Faute veut rester dans la roue de LFI. Cette stratégie est contestée par 51% des militants du Parti Socialiste qui lui ont préféré Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol lors du dernier Congrès du PS à Marseille, en janvier 2023. En juillet, les deux responsables du PS ont réclamé une convention dès l’automne pour remettre le sujet sur la table. Aujourd’hui, ils intensifient la pression.

Ont-ils une chance de gagner ? Qu’importe le résultat, l’intention pour l’instant est de clamer haut et fort qu’il existe des socialistes en dehors du Nouveau Front Populaire capables de proposer « des réformes engagées de gauche » et de refuser la stratégie du chaos prônée par Jean-Luc Mélenchon qui a déjà appelé ses troupes à manifester le 7 septembre.

« Le Parti socialiste est passé en quelques semaines de la ligne Glucksmann à la ligne Mélenchon » s’indignait en juillet dernier Hélène Geoffroy. Elle interpelle aujourd’hui Emmanuel Macron pour lui dire qu’il est encore possible de nommer un homme de gauche à Matignon. Un profil à la Bernard Cazeneuve pourrait fédérer autour de lui suffisamment de députés pour éviter les motions de censure que le Président de la République redoute tout en donnant le sentiment de répondre au moins en partie au vote des électeurs.
Voilà qui éclaircirait quelque peu l’ambiance délétère où s’enfonce le monde politique.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique