Les Verts contre la science
Un aréopage écolo vient de participer au lancement du « Prix Rivasi », du nom d’une élue verte disparue, connue pour des prises de position étrangement éloignées des réalités scientifiques.
L’écologie est scientifiquement fondée et ce sont de savants universitaires qui ont sonné les premiers l’alarme sur l’existence et les dangers du dérèglement climatique. En va-t-il de même des écologistes ? De toute évidence, en tout cas, leur rapport à la pensée rationnelle laisse quelque peu à désirer.
En témoigne la création du « prix Michèle Rivasi » destiné à récompenser les « lanceurs d’alerte », ces citoyens engagés qui saisissent régulièrement l’opinion sur tel ou tel manquement aux règles sanitaires, financières ou environnementales. Ce n’est pas une initiative du parti Vert, mais il est clair que celui-ci la soutient : à la conférence de lancement, filmée par le média complotiste Nexus, le gratin historique d’Europe Écologie-Les Verts s’était réuni, Noël Mamère, Eva Joly, Jean-Luc Benhamias, Marie-Christine Blandin, Michèle Rubirola, accompagnés de Corinne Lepage et de la cheffe du parti Marine Tondelier.
Initiative louable dira-t-on. À un détail près : disparue en novembre 2023, Michèle Rivasi, militante courageuse, eurodéputée assidue, avait sur le tard pris des positions fort embarrassantes, y compris pour son propre parti. En mai 2023, elle était annoncée à une journée de conférence antivax organisé par le « Conseil scientifique indépendant », une officine notoirement conspi, avec Virginie Joron du RN, Laurence Muller-Bronn, Jean-Frédéric Poisson, Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan, ou encore Christian Perronne, Pierre Chaillot ou Christine Cotton, en un mot toute la bande de farceurs et de charlatans qui ont infesté les studios de CNews et autres lieux pendant l’épidémie de Covid. Elle s’était retirée in extremis, mais l’affaire avait prospéré : on s’était aperçu qu’elle avait aussi préfacé un ouvrage intitulé Tous vaccinés, tous protégés ? et sous-titré «Vaccins Covid-19, chronique d’une catastrophe sanitaire annoncée», colportant les thèses de la même bande conspirationniste.
Pas de clerc ? Erreur tardive d’une militante par ailleurs blanc-bleu (ou blanc-vert) ? Pas exactement. Ainsi Victor Mottin, journaliste à Conspiracy Watch, remarque que dans la même conférence de presse, une militante demande que le prix Rivasi soit remis à un certain Reiner Fuellmich, avocat allemand organisateur d’un « Nuremberg 2.0 » prétendant juger les autorités sanitaires anti-Covid, arrêté depuis pour détournement de fonds et abus de confiance. De même, rappelle-t-il, Michèle Rivasi a participé en 2020 à une conférence avec des anthroposophes (une secte paramédicale) où on expliquait notamment que le cancer se soignait avec le gui. Rivasi, enfin, professait des thèses tout aussi farfelues sur la dangerosité des ondes électromagnétiques.
Bref le « prix Rivasi » est à la science que serait à l’astronomie un prix « Madame Soleil » ou à la médecine un prix « Didier Raoult ». Autrement dit, les rapports des écologistes avec la science sont quelque peu élastiques, tout occupés qu’ils sont de dénoncer lz « technoscience » prédatrice. Ce qui nous incite à lire avec une certaine vigilance les thèses et les programmes qui émanent de ce parti qui prétend au gouvernement du pays.