Les Verts : vive la chasse… aux socialistes !
Depuis plusieurs semaines, les Insoumis redoublent leurs attaques contre les municipalités socialistes. Plus curieusement, la direction écologiste seconde cette offensive avec énergie.
Tel Aragon s’écriant « feu sur les ours savants de la social-démocratie ! » Jean-Luc Mélenchon, poursuit méthodiquement la destruction du socialisme démocratique en France. Peu importe que cela relève d’un vieux règlement de compte personnel, d’un atavisme lambertiste, d’une dérive politique assumée ou d’une vexation psychanalytique, la vieille gauche doit mourir.
C’est la version radicale de l’Union de la Gauche : la gauche sera effectivement plus unie quand les socialistes auront disparu. Comme le disait Lénine, le NFP se renforce en s’épurant. Plus étrangement, Mélenchon est secondé dans cette entreprise, pour citer encore Lénine, par les idiots utiles du parti écologiste à la recherche de gains immédiats. Chantre de l’unité du NFP, l’actuelle direction verte plaide pour le « rassemblement des forces de rupture » dixit sa présidente du conseil fédéral, Julia Mignacca. C’est-à-dire pour l’éradication de la gauche réformiste.
Les travaux pratiques sont déjà en cours. A Montpellier, Lille, Toulouse, les groupes locaux des Verts travaillés par la décroissance, les inepties de Sandrine Rousseau et les punchlines de Marine Tondelier, sapent les majorités de gauche et anticipent 2026 au nom du « rassemblement des forces de rupture ». Ainsi, EELV, yourte espagnole accueillant des gens raisonnables comme Jadot ou Bayou avant sa mise à mort médiatique, et des opposants à toute forme de développement raisonné, font piteusement allégeance au leader maximo. Si cela ne suffit pas, la porte-parole d’EELV n’a pas de mots assez rudes pour dénoncer Hollande ou Cazeneuve, faisant écho à ce que Nathalie Oziol, chargée des élections à la France Insoumise, caractérise de « vieille gauche », entendez le PS et le PCF.
Souvent moquée pour une forme de puérilité politique, EELV apprend vite lorsqu’il s’agit de conquérir élus et implantation territoriale, quitte à renier son identité profonde. L’orientation européenne du groupe Vert à Strasbourg est l’antithèse des combats anti-européens de LFI ? La position des écologistes sur l’Ukraine est incompatible avec les votes de LFI, qui convergent avec l’extrême-droite ? Le soutien aux transferts de compétences vers les métropoles des uns heurte la sacralisation des communes et départements des autres ? Pas grave, dès lors qu’on conquiert des positions de pouvoir au détriment du PS. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait la place.
Le même calcul, loin de l’idéalisme des débuts, avait conduit Marine Tondelier à hâter la constitution du NFP, trois minutes après la prise de parole de Mélenchon pour appliquer « le programme, tout le programme… » sans égard pour l’artisan du plus grand score à gauche des européennes, Raphaël Glucksmann.
Certes la tactique écologiste est jetable. Souvent EELV varie… Mélenchon le sait, lui qui éprouve le plus profond mépris pour une formation « interclassiste », plus sûrement « petite bourgeoise » qui n’est à ses yeux qu’une force d’appoint pour briser l’hégémonie de la gauche républicaine dans les métropoles. Mais, comme il le fait malicieusement avec Olivier Faure, il flattera autant que nécessaire son alliée de circonstance pourvu qu’elle lui permette d’affaiblir le PS en vue de 2027. Telle une girouette dans un épisode cévenol, EELV peut évoluer, naturellement. Mais dans l’immédiat, ces partisans du bien-être animal sont surtout occupés à plumer la volaille socialiste.